Prédication : L’enfer éternel est un échec divin

Thème on ne peut plus difficile, celui de l’ « étang de feu » et de la « Nouvelle Jérusalem ». Une division manichéenne des ultimes destinées humaines, entre enfer et paradis, est présentée sans fard dans les trois derniers chapitres de la Bible chrétienne, dans le livre de l’Apocalypse. Mon analyse rejette la damnation éternelle, tout en soulignant la signification dernière de la moralité humaine, qui ne peut pas être banalisée.

Voir la liste de mes prédications ordonnées par références bibliques.

Apocalypse de Jean 20,7-21,7

7 Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison,

8 et il s’en ira séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog.
Il les rassemblera pour le combat : leur nombre est comme le sable de la mer.

9 Ils envahirent toute l’étendue de la terre et investirent le camp des saints et la cité bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora.

10 Et le diable, leur séducteur, fut précipité dans l’étang de feu et de soufre, auprès de la bête et du faux prophète. Et ils souffriront des tourments jour et nuit aux siècles des siècles.

11 Alors je vis un grand trône blanc et celui qui y siégeait :
devant sa face la terre et le ciel s’enfuirent sans laisser de traces.

12 Et je vis les morts, les grands et les petits, debout devant le trône, et des livres furent ouverts. Un autre livre fut ouvert : le livre de vie, et les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans les livres.

13 La mer rendit ses morts, la mort et l’Hadès rendirent leurs morts, et chacun fut jugé selon ses œuvres.

14 Alors la mort et l’Hadès furent précipités dans l’étang de feu. L’étang de feu, voilà la seconde mort !

15 Et quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de vie fut précipité dans l’étang de feu.

1 Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu et la mer n’est plus.

2 Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, comme une épouse qui s’est parée pour son époux.

3 Et j’entendis, venant du trône, une voix forte qui disait : Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux.

4 Il essuiera toute larme de leurs yeux, La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu.

5 Et celui qui siège sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Puis il dit : Ecris : Ces paroles sont certaines et véridiques.

6 Et il me dit : C’en est fait. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source d’eau vive, gratuitement.

7 Le vainqueur recevra cet héritage, et je serai son Dieu, et lui sera mon fils.

Prédication du 25 juin 2023 à l’Eglise de Vauffelin, dans le Jura bernois, en Suisse

Précisons tout d’abord que le mot grec paradeisos ne figure qu’une fois dans l’Apocalypse (Ap 2,7) et trois fois en tout dans le Nouveau Testament, et il est les trois fois traduit par paradis dans la TOB ; tandis que le mot grec haydès, qui traduit le mot hébreu sheol, apparaît dix fois dans le Nouveau Testament, traduit par séjour des morts ou Hadès dans la TOB, mais jamais par enfer, ce mot étant absent dans le Nouveau Testament de la TOB.

Parler d’enfer et de paradis est donc déjà une relecture du Nouveau Testament, cependant, notre texte de l’Apocalypse, et bien d’autres dans les Evangiles et les épîtres, font mention des peines éternelles, symbolisées dans notre texte par l’étang de feu (Ap 20,10.14.15).

Le châtiment éternel des damnés

Cette doctrine, ou cette croyance en un châtiment éternel de Dieu, comporte à mon sens plusieurs graves inconvénients, pour Dieu et pour les hommes. Pour Dieu, tout d’abord, adresser des anges et des humains à l’enfer éternel signifie un échec partiel de sa Création.

Je ne suis pas sûr que la victoire sur le mal telle qu’annoncée dans nos chapitres conclusifs de l’Apocalypse, et donc aussi à la fin de la Bible chrétienne, soit vraiment honorifique pour Dieu, qui aurait exposé aux tourments définitifs la majeure partie de ses créatures. L’humanité en enfer me semble plutôt constituer un énorme fiasco pour le Créateur.

Pour les humains, ensuite, l’enseignement des souffrances éternelles constitue une véritable source d’angoisse, un traumatisme même pour ceux qui se croient sauvés. Imaginer que l’un ou l’autre de nos proches finisse ainsi est presque insupportable.

Cela produit, dans les Eglises qui prennent la Bible à la lettre, un besoin urgent d’évangéliser, afin qu’un maximum de personnes échappe aux peines de l’enfer. L’appel à se convertir est alors motivé davantage par la peur, que par la grâce et l’amour de Dieu.

Qui plus est, cette affirmation de l’expulsion définitive de certaines personnes hors du Royaume de Dieu a aussi un effet politique et social. Dans la mesure où la civilisation humaine des non convertis à la foi chrétienne court à sa perte, il n’y a aucune raison de s’y engager. Ainsi, les Eglises professant la réalité de l’enfer vivent retirées, en marge de la société commune.

Le salut universel

Admettons donc, comme je le suggère, que nous abandonnions la doctrine du châtiment définitif des impies, nous faut-il dès lors affirmer la doctrine du salut universel, « nous irons tous au paradis », qui comporte à son tour un certain nombre de difficultés ?

Une attitude acceptable, intermédiaire et assez élégante, consisterait à dire que nous n’en savons rien, et que nous laissons à Dieu la tâche surhumaine de juger l’humanité. Cette option comporte de toute manière une part de vérité, qui ne nous dispense pas, à mon sens, de penser les conséquences d’un salut universel octroyé à tous les pécheurs sans exception.

Le risque de banalisation du mal

Le premier risque, dans ce cas, est la banalisation du mal. Si de toute manière, nous sommes tous sauvés, nos actes bons ou mauvais sont sans conséquences définitives. En quelque sorte, la grâce, le pardon et l’amour de Dieu rendent la qualité de notre morale indifférente sur le plan de l’éternité.

Or, nous devons impérativement reconnaître que la violence, le viol, la persécution, la guerre, la torture, l’horreur, l’extermination de masse, sont des réalités humaines, dont nous pouvons être responsables, en partie ou totalement, qui peuvent rapprocher notre existence présente de l’enfer sur Terre, et que nous n’avons pas le droit de banaliser.

Rappelons-nous que l’Apocalypse, dite de Jean, a été écrite sur l’île grecque de Patmos (Ap 1,9) dans le contexte des persécutions des chrétiens dans l’Empire Romain, et que ces croyants pouvaient avoir l’impression d’appartenir au petit nombre des élus, dans une société violente vouée à la perdition, largement dominée par les pouvoirs de Satan.

Sans nous situer dans un tel extrême, nous pouvons aussi avec l’impression, y compris dans nos sociétés démocratiques modernes, que les intérêts capitalistes et stratégiques représentent la force politique dominante, et que celles et ceux qui luttent contre l’égoïsme individualiste mènent un combat inégal contre ces tendances dénuées de scrupules. Les lanceurs d’alerte actuels dans le domaine écologique sont sans doute mus par de tels sentiments d’une lutte nécessaire face à une majorité indifférente aux dangers à venir.

Cependant, un tel combat inégal entre le bien et le mal, même s’il recouvre l’histoire humaine dans son ensemble, ne permet pas de classer les personnes, comme le fait ici l’Apocalypse, entre les justes sauvés d’une part, et les impies perdus de l’autre. Cette vision trop simpliste, manichéenne, ne reflète pas exactement la réalité, qui est plus nuancée. A l’encontre de cette ligne de front parfois dessinée par les religions, il serait erroné de supposer que les croyants sont toujours meilleurs que les incroyants.

Néanmoins, la doctrine du salut universel risque de faire disparaître tout suspens de la vie chrétienne, tout entière tendue vers son accomplissement, par « la persévérance et la foi des saints » (Ap 13,10) dont parle l’Apocalypse. Selon cette conception, qui conserve à mon sens une part de sa valeur théologique et spirituelle, ce n’est qu’après avoir persévéré jusqu’au bout en cette vie que le fidèle reçoit l’héritage promis de la foi : « Le vainqueur recevra cet héritage [la Jérusalem céleste], je serai son Dieu et lui sera mon fils » (Ap 21,7).

Il s’agit donc de concilier la joyeuse doctrine du salut universel d’une part, avec le sérieux défi de la foi d’autre part, à savoir le nécessaire effort moral de la vie humaine, qui ne doit jamais devenir une question indifférente. Dans cette perspective, l’Apocalypse offre à mon sens une approche assez pertinente de la progressive confrontation des injustes aux conséquences de leurs mauvaises actions. Ceux qui agissent mal doivent être repris, soit par la parole, soit par des avertissements concrets, en vue de leur changement d’attitude.

Quelques solutions du dilemme proposées au cours de l’histoire des religions

Ainsi, dès les premières lignes de la prophétie, il est rappelé qu’« il vient au milieu des nuées [le Christ], et que tout œil le verra, et ceux même qui l’ont percé : toutes les tribus la terre seront en deuil [se lamenteront] à cause de lui » (Ap 1,7). La venue glorieuse du Christ, et ce qui la précède avant la fin, ne produit donc pas uniquement la joie, mais aussi la lamentation, le deuil, le sentiment désagréable de sa culpabilité et du jugement mérité, que l’on évite par la seule grâce de Dieu.

Le don de la grâce divine, manifestée par le retour du Christ, s’accompagne donc d’un juste sentiment de jugement, alors même que ce dernier aboutit au salut universel. C’est sans doute aussi ce que tente d’exprimer l’apôtre Paul, lorsqu’il affirme que « celui dont l’œuvre sera consumée en sera privé ; lui-même sera sauvé, mais comme on l’est à travers le feu » (1 Co 3,15). Au travers de l’épreuve de notre moralité, nous sommes sauvés par la grâce.

Dans la tentative de résoudre ce dilemme, l’Eglise catholique a imaginé une sorte de pénitence post mortem précédant le paradis, le purgatoire, solution que les protestants n’ont pas retenue, la jugeant trop condamnatrice. Tout autrement, depuis l’Antiquité, l’hindouisme et le bouddhisme proposent la doctrine de la réincarnation, qui suppose qu’un être humain se réincarne un grand nombre de fois dans des vies terrestres successives, et ce retour cyclique se prolonge jusqu’à ce qu’il soit parvenu à la perfection morale de l’éveil, dans l’état de nirvana qui le libère définitivement du cycle des réincarnations.

Le théologien protestant suisse Karl Barth (1886-1968) a quant à lui proposé une solution théologique intéressante dans la droite ligne du théologien biblique qu’est l’apôtre Paul, lu dans une perspective luthérienne, que je retiens ici provisoirement comme une solution acceptable : Barth estime que tout être humain, croyant ou incroyant, doit être à juste titre condamné en raison de ses péchés, mais qu’il est simultanément pardonné, en raison de la grâce universelle manifestée en Jésus-Christ. Il n’existe donc plus d’autre Dieu qui juge, selon Barth, que le Dieu qui en Jésus-Christ attribue sa grâce aux condamnés. Ainsi le péché, dont les conséquences ne doivent pas être niées sur le plan terrestre, perd toute sa force dans le salut éternel offert par la grâce de Dieu. Amen

4 réflexions sur « Prédication : L’enfer éternel est un échec divin »

  1. Merci pour cette prédication, car il me semble que vous avez bien cerné les impasses et les rares ouvertures des questions qui sont ici en jeu.

    Vous avez aussi judicieusement mentionné d’entrée que le mot « paradis » n’intervient qu’une seule fois dans le texte de l’Apocalypse, en 2,7, mais on peut préciser que c’est pour renvoyer au mythe du Jardin d’Eden et à l’arbre de vie, et donc à un symbole universel, ce qui élargit en quelque sorte le débat.

    Votre titre est clair et net et je l’approuve, et il est vrai que le problème du mal et de la souffrance est apparemment insoluble. Mais l’argument théologique de Karl Barth, via saint-Paul, est-il en réalité véritablement satisfaisant. Le problème de Karl Barth ne vient-il pas du fait qu’il situe encore la solution dans un au-delà ?

    Le théologien protestant, Gabriel Vahanian (1927-2012), qui avait bien lu Barth, aimait pourtant remettre en question cette vision. Du coup, à titre de curiosité je transcris ici un extrait d’un entretien de G.V. avec Patricia Brambilla, dans « Construire n° 51, 19-1 (cela doit dater de l’année 2004), car on ne le trouve plus en ligne. Le titre de l’article était : « Les miracles arrivent tous les jours »…

    Question de P.B. : Mais qu’en est-il du salut ?
    Réponse de G.V. : Cette notion est à remettre en question. Dans l’opinion courante, le salut a trait à la vie après la mort. Dans l’Ancien Testament, le salut n’est rien d’autre que la terre promise, ici-bas. Dans toute la tradition biblique, la résurrection n’est pas une vie après la mort, mais elle consiste à mettre en valeur cette vie en dépit de la mort. Le salut, pour Luther, consiste justement à se libérer de l’obsession du salut.

    Question : Et que faites-vous de l’épisode de Lazare, revenu d’entre les morts ?
    Réponse : La résurrection consiste-t-elle en un cadavre qui revient à la vie ? Y a-t-il un mot qui puisse avoir sens sans que ce sens soit symbolique ? Il n’y a aucune description pure dans les textes bibliques. Qu’est-ce-que ça veut dire « il est ressuscité » ? L’étymologie grecque du mot signifie « relever de « . Autrement dit : l’homme relève de l’homme. C’est au moment où il prend conscience de sa réalité humaine, charnelle, qu’il en relève et qu’il la dépasse.
    Vous savez, les miracles, c’est ce qui arrive tous les jours. L’acte de penser n’est-il pas incroyable ? Il n’y a pas de pensée sans cerveau, mais on ne saurait réduire la pensée au cerveau, ça, c’est le miracle des miracles ! A partir du moment où l’on a affaire à la vie, au vivre, et que l’on perçoit ce vécu comme une chance unique, on est ressuscité.

    Question : Mais comment accepter de perdre sans retour ceux qu’on aime, accepter sa propre fin ? C’est dur.
    Réponse : C’est dur. Mais est-ce qu’une vie après la mort donne une réponse ? La mort est un phénomène naturel qu’il faut accepter comme tel, tout en sachant, et c’est là qu’est la consolation, que c’est seulement quand on l’accepte qu’elle ne détient plus le dernier mot. Jésus répondait à qui voulait savoir ce qui arrive après la mort : « Cela ne te regarde pas, toi pour l’instant tu me suis ».

    Question : Mais à quoi cela sert-il d’être là, de mener à bien une vie, si on doit disparaître ?
    Réponse : Et si c’était gratuit ? La pratique de la foi n’est-elle pas une pratique de la grâce ? Cela me paraît plus apaisant que n’importe quel discours fantomatique sur l’au-delà, à propos duquel on ignore tout. Si on a oeuvré à pratiquer la foi chrétienne de telle sorte que les rapports entre les hommes aient été changés, cela me suffit.

  2. Merci cher Monsieur pour votre commentaire et vos citations.
    Selon ma conception théologique, la nature spirituelle de notre existence nous lie à une expérience de nous-mêmes, du monde présent et du domaine divin qui transcende la réalité et l’expérience présente, laquelle ne trouve pas sa force en elle-même mais en un au-delà qui s’y révèle de manière symbolique. Le ciel, par exemple, tout en étant un élément physique, symbolise l’ouverture de notre existence vers la vie surnaturelle (selon l’expression d’Albert Schweitzer), que les Evangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) appellent « Règne de Dieu ».
    Cette notion de Règne de Dieu, telle que Jésus la définit dans les Evangiles synoptiques, est particulièrement intéressante, parce que Jésus la considère comme étant déjà présente de manière cachée, en sa Personne, en son Eglise et par son Esprit, mais aussi encore future, dans sa réalisation ultime, dont la compréhension métaphysique nous échappe.
    La vie présente est à mon avis dénuée de sens et de valeur sans être rapportée à une réalité relationnelle, éthique et spirituelle supérieure, qui en conditionne chaque instant. C’est parce que je crois à l’existence d’un conflit entre la vie réelle et la vie idéale que je me constitue en tant qu’être humain, dans la mesure où cet idéal m’interpelle déjà dans le temps présent, encore dominé par le mal et l’absence de transparence concernant les intentions humaines et divines.
    Croire à une vie transcendante, qui dépasse infiniment cette vie, tant sur le plan personnel que sur celui de l’histoire humaine, ce n’est donc pas croire à un « miracle », comme vos citations semblent le supposer, mais c’est croire à la nature à la fois existentielle et essentielle de l’esprit humain (selon une terminologie de Paul Tillich), du Je conscient, qui en tant que tel émane de la transcendance et s’oriente vers la réalité ultime transcendant la réalité sensible, que l’Evangile de Jean nomme « vie éternelle ». Cette dernière expression ne doit pas être comprise comme un temps éternellement long, mais plutôt comme une récapitulation, un accomplissement et un dépassement de la réalité humaine inscrite et limitée dans l’espace-temps cosmique.

  3. Merci, à mon tour, cher Monsieur, pour votre réponse.

    Je mentirai en disant que je ne l’attendais pas. De même que je me suis appuyé sur les citations d’un théologien doué et courageux, j’ai sans doute eu besoin d’appui dans un langage qui fait « autorité » face à des questions si difficiles. Je ne pense pas d’ailleurs qu’il y a une honte à cela, car, sinon, comment progresser ?

    De même que je m’appuie encore ici sur les propos du philosophe Rémi Brague, qui dit que « sans transcendance, il n’y a pas de transmission »… Le terme de transcendance est magnifique, mais quand même épineux, non ? Je me demande ce que Gabriel Vahanian aurait répondu à son interlocutrice si elle l’avait interrogé à ce sujet (toujours l’argument d’autorité !).

    Si je suis sincère, je dois cependant avouer qu’en ce qui me concerne, je cherche, je cherche, non pas un homme (comme Diogène!), mais ce que pourrait bien être la transcendance ? S’agit-il de quelque chose qui existerait vraiment en soi, sans avoir besoin de contraire ? Je dois confesser qu’en dehors de l’amour, je ne vois rien apparaître. Mais peut-être cela suffit-il déjà ?

    Du coup, je pense à la formulation que « Dieu est amour », que le texte biblique est « amour », que le « Règne de Dieu » appelé par Jésus est « règne de l’amour ». Ouf, finalement, seul le texte biblique, comme la poésie, défient le temps… N’est-il pas remarquable par exemple que les textes bibliques ne font pas de théologie à proprement parler, quand ills confondent sans sourciller, les « réanimations » (comme celles de Lazare, de Tabitha, et d’autres encore) avec des « résurrections ».

    Aujourd’hui, on légifère, on tempère, on mesure, on ordonne, on réfléchit, etc…, à la différence essentielle entre ces deux notions, mais les textes « s’en foutent », pourrait-on dire. Luc est historien, et il vérifie forcément un peu tout ce qu’il écrit, mais comment aller vérifier une nouvelle qui a parcouru toute une ville ! Vous avez raison, le miracle ne s’objective pas, sinon, il ne serait pas un miracle. Je pense cependant qu’on peut largement exonérer G.V. de ce travers, pour cette fois.

    Cela me ramène en fait sans trop de difficulté à votre formulation, que je trouve très forte : « C’est parce que je crois à l’existence d’un conflit entre la vie réelle et la vie idéale que je me constitue en tant qu’être humain ». D’autant qu’elle renvoie à une citation de Paul Tillich, auquel vous vous référez aussi, et que je cite ci-dessous de mémoire, mais que vous connaissez sans aucun doute, ainsi que sa source : «Le vie a du sens quand on a le courage de lui dire « oui » en dépit des conflits, du malheur et de la mort. Dieu est la puissance qui nous donne ce courage. Il est la source d’une vie qui a du sens alors même qu’elle se débat avec l’absurde ».

    Bien cordialement,

    Wilfred

  4. Merci cher Monsieur pour le partage de vos réflexions, et aussi pour votre sincérité à décrire l’objet de votre questionnement, que je reçois sans chercher à vous répondre, mais plutôt en vous remerciant pour votre confiance. Ainsi, votre partage contribue à nourrir mes propres propos par d’autres points de vue intéressants. Avec mes cordiaux messages. Gilles B.

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