Notes et brefs commentaires des chapitres 1 à 26 du livre biblique de la Genèse

Voir également : Introduction à l’hébreu biblique et au livre de la Genèse.

Nomenclature
[tohu wabohu] Translitération du texte hébreu
Quelques versets significatifs sont cités, précédés de leur numéro en bleu.
AT et NT : Ancien et Nouveau Testament.
TOB : Traduction œcuménique de la Bible, en usage dans les Eglises réformées actuelles.
412x signifie 412 occurrences du mot.

Genèse 1
Début du premier récit de la création en 7 jours (jours 1 à 6).
1 Au commencement Dieu [elohim] créa [barah] le ciel et la terre. 2 La terre était déserte et vide [tohu wabohu], et la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle de Dieu [ruah] planait à la surface des eaux, 3 et Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. 4 Dieu vit que la lumière était bonne. Dieu sépara la lumière de la ténèbre. 5 Dieu appela la lumière « jour » et la ténèbre il l’appela « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.
Le caractère non scientifique du texte biblique est ici d’emblée évident : Dieu crée le jour et la nuit avant de créer le soleil au quatrième jour (v.16), qui en est pourtant à l’origine. Un texte n’a pas besoin de revêtir une qualité scientifique pour être théologiquement pertinent.
La bénédiction accordée aux jours de la Création est la plus puissante des bénédictions bibliques : Elle indique que le monde présent est théologiquement « bon ».
22 Dieu les [animaux marins et oiseaux] bénit en disant : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez les eaux dans les mers, et que l’oiseau prolifère sur la terre ! »
26 Dieu dit : « Faisons l’homme [adam] à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! » 27 Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. 28 Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ! »

Genèse 2
Fin du premier récit de la création : Le 7e jour.
3 Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors arrêté toute l’œuvre que lui-même avait créée par son action.
Début du deuxième récit de la création et de la chute.
7 Le SEIGNEUR Dieu [YHWH elohim] modela l’homme [adam] avec de la poussière prise du sol [adamah]. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme [adam] devint un être [nephesh] vivant. 8 Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Eden [‘eden], à l’orient, et il y plaça l’homme qu’il avait formé.
Le premier commandement divin adressé à l’homme concerne son alimentation matérielle et spirituelle : 16 Le SEIGNEUR Dieu prescrivit à l’homme : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, 17 mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. »
La création des animaux.
La femme, achèvement de la création : 22 Le SEIGNEUR Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’homme [adam] en une femme [isha féminin de ish l’homme masculin] qu’il lui amena. 23 L’homme [adam] s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l’appellera femme [isha] car c’est de l’homme [ish] qu’elle a été prise. » 24 Aussi l’homme [ish] laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme [isha], et ils deviennent une seule chair. 25 Tous deux étaient nus, l’homme [adam] et sa femme [isha], sans se faire mutuellement honte.
Remarque : Le nom propre Eve [hawah] n’apparaît que 2x dans l’AT, en Ge 3,20 et Ge 4,1. Le mot hébreu [adam] apparaît 412x dans l’AT, traduit dans la TOB par homme, humain, Adam, humanité, chacun, particulier, monde, humainement, mortel, population, peuple, un.

Genèse 3
Suite et fin du deuxième récit de la création et de la chute.
Tentation par le serpent.
1 Or le serpent était la plus astucieuse de toutes les bêtes des champs que le SEIGNEUR Dieu avait faites. Il dit à la femme : « Vraiment ! Dieu vous a dit : “Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin”… ».
6 La femme [isha] vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, précieux pour agir avec clairvoyance. Elle en prit un fruit dont elle mangea, elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il en mangea.
Le premier couple humain interrogé par Dieu.
La sanction divine envers le serpent et les humains : malédiction, hostilité, souffrance, désir, sueur, etc.
19 A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. »
Expulsion du jardin d’Eden.
20 L’homme [adam] appela sa femme [isha] du nom d’Eve [hawah] – c’est-à-dire La Vivante –, car c’est elle qui a été la mère de tout vivant [hai].
23 Le SEIGNEUR Dieu l’expulsa du jardin d’Eden pour cultiver le sol d’où il avait été pris. 24 Ayant chassé l’homme [adam], il posta les chérubins [keroubim] à l’orient du jardin d’Eden avec la flamme de l’épée foudroyante pour garder le chemin de l’arbre de vie.

Genèse 4
4-16 Caïn et Abel.
Le Seigneur, sans explication, tourne son regard vers Abel et son offrande des prémisses de ses bêtes et de leur graisse; mais il détourne son regard de Caïn et de son offrande de fruits de la terre. Ce texte signale la présence de la violence dès les débuts de l’humanité.
6 Le SEIGNEUR [YHWH] dit à Caïn : « Pourquoi t’irrites-tu ? Et pourquoi ton visage est-il abattu ? 7 Si tu agis bien, ne le relèveras-tu pas ? Si tu n’agis pas bien, le péché, tapi à ta porte, te désire. Mais toi, domine-le. » 8 Caïn parla à son frère Abel et, lorsqu’ils furent aux champs, Caïn attaqua son frère Abel et le tua.
Allusion au nomadisme des premiers temps de l’humanité : 11 Tu es maintenant maudit du sol qui a ouvert la bouche pour recueillir de ta main le sang de ton frère (cf. Ge 9,4-6). 12 Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa force. Tu seras errant et vagabond sur la terre. »
Malgré son crime, Caïn reçoit une protection divine : 15 Le SEIGNEUR lui dit : « Eh bien ! Si l’on tue Caïn, il sera vengé sept fois. » Le SEIGNEUR mit un signe sur Caïn pour que personne en le rencontrant ne le frappe. 16 Caïn s’éloigna de la présence du SEIGNEUR et habita dans le pays de Nod [lieu inconnu ; peut-être Nad, vagabond] à l’orient d’Eden.
17-26 Générations après Caïn
24 Oui, Caïn sera vengé sept fois, mais Lamek soixante-dix-sept fois. » 25 Adam connut encore sa femme, elle enfanta un fils et le nomma Seth, « car Dieu m’a suscité une autre descendance à la place d’Abel, puisque Caïn l’a tué ». 26 A Seth, lui aussi, naquit un fils qu’il appela du nom d’Enosh [enosh signifie homme, être humain]. On commença dès lors à invoquer le nom [sem] de SEIGNEUR [YHWH].
Selon ce passage, le nom de YHWH est connu dès les origines de l’humanité.

Genèse 5
Généalogie de Adam à Noé et ses fils.
3 Adam vécut cent trente ans ; à sa ressemblance et selon son image, il engendra un fils qu’il appela du nom de Seth. 4 Après qu’Adam eut engendré Seth, ses jours durèrent huit cents ans et il engendra des fils et des filles.
Dans cette généalogie, Cain et Abel ne sont plus mentionnés, signe probable qu’il s’agit de corpus littéraires différents. La durée de vie des patriarches est surdimensionnée.
28 Lamek vécut cent quatre-vingt-deux ans et engendra un fils. 29 Il l’appela du nom de Noé en disant : « Celui-ci nous réconfortera de nos labeurs et de la peine qu’impose à nos mains un sol maudit par le SEIGNEUR. » 32 Noé était âgé de cinq cents ans quand il engendra Sem, Cham et Japhet…

Genèse 6
Chapitres 6 à 9 Le Déluge et Noé. Le récit combine deux histoires du Déluge issues de la tradition dite « yahviste » et « sacerdotale ».
1-12 Les causes du Déluge.
1-8 Version « yahviste » du texte. TOB : « Les v.1-4 ont été ajoutés pour donner une autre explication du Déluge que les v.5-7, à savoir le mélange illicite entre le monde des dieux et le monde des hommes. – Dans de nombreuses traditions mythologiques, des dieux s’intéressent aux filles des êtres humains ».
1 Alors que les hommes avaient commencé à se multiplier sur la surface du sol et que des filles leur étaient nées, 2 les fils de Dieu virent que les filles d’homme étaient belles et ils prirent pour femmes celles de leur choix. 3 Le SEIGNEUR dit : « Mon Esprit ne dirigera pas toujours l’homme, étant donné ses erreurs : il n’est que chair et ses jours seront de cent vingt ans. » 4 En ces jours, les géants étaient sur la terre et ils y étaient encore lorsque les fils de Dieu vinrent trouver des filles d’homme et eurent d’elles des enfants. Ce sont les héros d’autrefois, ces hommes de renom.
5 Le SEIGNEUR vit que la méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre : à longueur de journée, son cœur n’était porté qu’à concevoir le mal, 6 et le SEIGNEUR se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. Il s’en affligea 7 et dit : « J’effacerai de la surface du sol l’homme que j’ai créé, homme, bestiaux, petites bêtes et même les oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir faits. » 8 Mais Noé trouva grâce aux yeux du SEIGNEUR.
9-13 Version « sacerdotale » plus épurée du récit des v.1-8.
14-22 Commandement à Noé de construire l’arche, puis d’y entrer avec sa famille, un couple de tout être vivant et de la nourriture en suffisance.
17 « Moi, je vais faire venir le Déluge – c’est-à-dire les eaux – sur la terre, pour détruire sous les cieux toute créature animée de vie ; tout ce qui est sur terre expirera.
TOB 2012 : les eaux : donne le sens du terme Déluge (mabbûl) dérivé du babylonien.

Genèse 7
1-6 Commandement à Noé, seul juste de sa génération, d’entrer dans l’arche, avec sa maison, et 7 couples de tout animal pur, et un couple de tout animal impur.
7-24 Description du Déluge et de l’entrée de Noé et sa famille dans l’arche, des couples d’animaux qui viennent à lui, des eaux qui grossirent et recouvrirent les montagnes les plus élevées de 15 coudées, puis de la mort de tout animal et tout homme.
Cosmologie antique :
Traduction TOB : 11 En l’an six cent de la vie de Noé, au deuxième mois, au dix-septième jour du mois, ce jour-là tous les réservoirs du grand Abîme (tehom : fr. vague, flot, torrent, eaux profondes, abîme, profondeur) furent rompus et les ouvertures du ciel furent béantes.
Note TOB 2012 : Conception courante au Proche-Orient ancien. La terre et l’air sont entourées par des masses d’eau, voir Gn 1,7. Note TOB 1988 : L’image est tirée du langage mythique phénicien. Déjà selon 1,7, on représente la terre et l’air, entre deux masses d’eau.
Traduction Bible de Jérusalem (Segond presque identique) : 11 En l’an six cent de la vie de Noé, le second mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là jaillirent toutes les sources du grand abîme et les écluses des cieux s’ouvrirent.
Note Bible de Jérusalem : Les eaux d’en bas et les eaux d’en haut rompent les digues que Dieu leur avait posées.

Genèse 8
1-18 Description de la fin du Déluge et de la sortie de l’arche. Les eaux baissent et l’arche repose sur le mont Ararat, sans doute la plus haute montagne connue de l’époque.
TOB 2012: Litt. les monts de l’Ararat. L’Ararat (Urartu en babylonien) désigne les montagnes au nord de l’Assyrie, le sud du Caucase. Les récits mésopotamiens [du Déluge] mentionnent d’autres montagnes pour le lieu où échoua l’arche.
20-22 Noé bâtit un autel et offre des sacrifices, Yahvé réagit par une promesse :
20 Noé éleva un autel pour le SEIGNEUR. Il prit de tout bétail pur, de tout oiseau pur et il offrit des holocaustes sur l’autel. 21 Le SEIGNEUR respira le parfum apaisant et se dit en lui-même : « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Certes, le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. 22 Tant que la terre durera, semailles et moissons, froid et chaleur, été et hiver, jour et nuit jamais ne cesseront. »
Ce texte contient le message théologique principal du récit du Déluge. TOB 2012 : L’expression « Le Seigneur respira le parfum… » manifeste l’agrément de la divinité. L’auteur élimine une remarque de la tradition mésopotamienne du Déluge, selon laquelle « les dieux se rassemblent comme des mouches au-dessus du sacrificateur ».

Genèse 9
1-3 Promesse de bénédiction et de « contrôle » sur le monde animal.
4-6 Surprenant passage sur le sang identifié à la vie : 4 Toutefois vous ne mangerez pas la chair avec sa vie, c’est-à-dire son sang. 5 Et de même, de votre sang, qui est votre propre vie, je demanderai compte à toute bête et j’en demanderai compte à l’homme : à chacun je demanderai compte de la vie de son frère. 6 « Qui verse le sang de l’homme,
par l’homme verra son sang versé ; car à l’image de Dieu, Dieu a fait l’homme.
TOB 2012 : Rapport étroit entre la vie et le sang.
Il s’agit peut-être d’une conception préscientifique, basée sur l’observation qu’une trop grande perte sang met effectivement fin à la vie. Cf. Ge 4,11.
9-17 Alliance divine avec Noé, ses fils, leur descendance, tous les êtres vivants :
11 J’établirai mon alliance avec vous : aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du Déluge, il n’y aura plus de Déluge pour ravager la terre. »
13« J’ai mis mon arc dans la nuée (note: il s’agit de l’arc-en-ciel) pour qu’il devienne un signe d’alliance entre moi et la terre.
Précisons que cette alliance, qui contredit les raisons du Déluge, n’est expliquée d’aucune manière. On ne comprend pas pourquoi Dieu renonce désormais à reproduire d’autres Déluges comme celui qu’il a suscité, l’humanité ne s’étant pas améliorée.
18-19 Les trois fils de Noé : Sem, Cham et Japhet.
20-27 Cham, père de Canaan, voit la nudité de son père Noé, agriculteur viticole enviré. Sem et Japhet recouvrent la nudité de Noé sans la voir. L’apprenant, Noé maudit Canaan :
26Puis il dit : « Béni soit le SEIGNEUR, le Dieu de Sem, que Canaan en soit le serviteur !
La mention de Noé agriculteur s’inscrit dans une ébauche de réflexion historique sur les origines de l’humanité, allusion à la révolution néolithique : agriculture et élevage.
Cette bénédiction sert sans doute à justifier la domination de la postérité d’Abraham, descendant de Sem, sur Canaan, peuple occupant le territoire de la Terre Promise.
28-29 29 Il (Noé) vécut en tout neuf cent cinquante ans et mourut.
La vision de la nudité d’un proche parent est perçue comme scandaleuse dans la culture du Moyen-Orient ancien.

Genèse 10
1-32 Liste des descendants des trois fils de Noé, appelée la table des peuples, car les noms des descendants de Noé correspondent aux noms de peuples récencés vraisemblablement à l’époque perse (TOB 2012). On pensait que chaque clan familial archaïque avait donné naissance à un groupe ethnique, national ou linguistique contemporain à la rédaction du texte.
1-5 Fils de Japhet : grosso-modo les territoires indo-européens.
5 C’est à partir d’eux que se fit la répartition des nations dans les îles. Chacun eut son pays suivant sa langue et sa nation selon son clan.
6-20 Fils de Cham : grosso modo les territoires de l’Arabie et l’Afrique du nord.
Précisions concernant Koush (Mésopotamie, Assyrie) :
8 Koush engendra Nemrod. Il fut le premier héros sur la terre, 9 lui qui fut un chasseur héroïque devant le SEIGNEUR [YHWH]. D’où le dicton : « Tel Nemrod, être un chasseur héroïque devant le SEIGNEUR [YHWH]. » 10 Les capitales de son royaume furent Babel, Erek, Akkad, toutes villes du pays de Shinéar. 11 Il sortit de ce pays pour Assour et bâtit Ninive, la ville aux larges places, Kalah, 12 la grande ville, et Rèsèn entre Ninive et Kalah.
Cette mention étrange est sans doute liée au prestige et à la terreurs attachés aux peuples de Mésopotamie, qui n’adoraient pas spécifiquement YHWH.
21-31 Fils de Sem, l’ainé : Ancêtres d’Abraham et du peuple juif (sémites). Iran, Assyrie, Haute Mésopotamie. Il semble que les territoires dont les populations descendent des trois frères se recoupent un peu.
32 Tels furent les clans des fils de Noé selon leurs familles groupées en nations. C’est à partir d’eux que se fit la répartition des nations sur la terre après le Déluge.
On perçoit bien ici un souci historique : La Bible a souvent été associée à l’invention, ou du moins au fort développement de l’historiographie, ici encore rudimentaire. L’ensemble du livre de la Genèse se présente comme une histoire continue constituée de récits particuliers reliés par des généalogies.

Genèse 11
1-9 Histoire de la tour de Babel.
1 La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots.
Ce début du texte est en contradiction avec 10,5, ce qui laisse entendre que le chapitre 10 et le début du chapitre 11 présentent deux visions différentes de l’histoire humaine, la première étant plus complexe. Mais on peut aussi supposer, bien que cela soit assez arbitraire, que le récit de la tour de Babel se situe chronologiquement entre les récits de Noé et la table des peuples de Genèse 10.
La théologie du récit de Babel est fort subtile : Elle montre que Dieu s’oppose aux tentatives trop ambitieuses des hommes, désireux d’élever leur gloire jusqu’au ciel, en introduisant la division à l’intérieur même de leur projet, par des difficultés de compréhension mutuelles. Il s’agit donc bien, comme l’est aussi le chapitre 10, d’une histoire de la division des langues.
10-25 Généalogie de la famille de Sem jusqu’à Tèrah, père d’Abram.
Comme dans la grande majorité des cas, seule la descendance menant à Abram est notée.
26-32 Généalogie de la famille de Tèrag, père d’Abram.
26 Tèrah vécut soixante-dix ans et engendra Abram, Nahor et Harân27 Voici la famille de Tèrah :Tèrah engendra Abram, Nahor et Harân. Harân engendra Loth. 28 Harân mourut avant son père Tèrah dans le pays de sa famille, à Our des Chaldéens. 29 Abram et Nahor prirent femme ; l’épouse d’Abram s’appelait Saraï et celle de Nahor Milka, fille de Harân, père de Milka et de Yiska. 30 Saraï était stérile, elle n’avait pas d’enfant. 31 Tèrah prit son fils Abram, son petit-fils Loth, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d’Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harrân où ils habitèrent. 32Tèrah vécut deux cent cinq ans et il mourut à Harrân.
Note TOB 2012 : Our des Chaldéens, grande ville de Basse-Mésopotamie habitée au 1er millénaire par des Chaldéens, et qui fut à son apogée au VIe siècle avant J-C.

Genèse 12
1-5 Vocation d’Abram
1 Le SEIGNEUR dit à Abram :« Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. 2 Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
Ce passage constitue rien de moins que le lancement des trois religions monothéistes, dites abrahamiques, par l’appel de Dieu à Abraham : Le judaïsme, le christianisme et l’Islam.
6-9 Abram en Canaan. Il dresse autels à Sichem et Béthel.
8 De là il gagna la montagne à l’est de Béthel. Il dressa sa tente entre Béthel à l’ouest et Aï à l’est, il y éleva un autel pour le SEIGNEUR et invoqua le SEIGNEUR par son nom.
Note TOB 2012 : A noter qu’Abraham connaît ici le nom du Seigneur (voir 4,26) alors que selon Exode 3, c’est seulement à l’époque de Moïse que Dieu se révèle sous son véritable nom.
10-20 Abram et Saraï en Egypte chez Pharaon.
En Egypte, où il se rend en raison d’une famine, Abram demande à Saraï de ne pas révéler qu’elle est sa femme, afin qu’il ne soit pas tué. Saraï est alors prise dans le harem de Pharaon, mais le Seigneur inflige de grands maux à Pharaon et à sa maison à cause de Saraï. Ce dernier reproche alors à Abram de ne pas lui avoir déclaré qu’elle était sa femme, il la lui rend et le chasse du pays.
Cet épisode conflictuel et peu reluisant pour Abram contraste avec le récit précédent de sa vocation. Il laisse penser que la vocation divine n’enlève pas les faiblesses, les tensions, les injustices, les souffrances et les contradictions de la vie humaine.
Ce récit a deux parallèles dans la Genèse : 20,1-18 ; 26,1-14.

Genèse 13
Abram et son neveu Loth ont trop de troupeaux pour habiter la même contrée, ils se séparent donc et Lot choisit le district du Jourdain. Première mention de Sodome.
8 et Abram dit à Loth : « Qu’il n’y ait pas de querelle entre moi et toi, mes bergers et les tiens : nous sommes frères. 9 Tout le pays n’est-il pas devant toi ? Sépare-toi donc de moi. Si tu prends le nord, j’irai au sud ; si c’est le sud, j’irai au nord. »
12 Abram habita dans le pays de Canaan et Loth dans les villes du District. Celui-ci vint camper jusqu’à Sodome 13 dont les gens étaient des scélérats qui péchaient gravement contre le SEIGNEUR.
Répétition de la promesse à Abram du don du pays et d’une descendance à perpétuité.

Genèse 14
1-24 Récit complexe, isolé de ce qui précède et suit, d’une guerre entre rois locaux ; seul récit dans lequel Abram apparaît comme un chef guerrier. Je résume le récit en 9 points :
1) Pendant 12 ans : les rois de Sodome, Gomorrhe et autres sont soumis à Kedorlaomer.
2) 13e année : les rois de Sodome, Gomorrhe et alliés se révoltent contre Kedorlaomer.
3) 14e année : Kedorlaomer vient avec ses alliés et fait la guerre aux rois de Sodome, Gomorrhe et alliés, et il remporte diverses batailles en divers lieux.
4) Dans leur fuite, les rois de Sodome et Gomorrhe tombent dans des puis de bitume, les autres s’enfuient dans la montagne.
5) Sodome et Gomorrhe sont dépouillés de tous leurs bien. Loth est emmené.
6) Un fuyard annonce à Abram que Lot a été enlevé.
13 et un fuyard s’en vint porter la nouvelle à Abram l’Hébreu, qui demeurait aux chênes de Mamré l’Amorite, frère d’Eshkol et de Aner ; ils étaient les alliés d’Abram.
Seul endroit ici où Abram est appelé l’Hébreu. Note TOB 2012 : Ce terme a sans doute une signification moins ethnique que sociologique et peut être rapproché de l’égyptien apirou, une terme qui désigne des personnes ou des groupes en marge de la société. Le gr. fait un rapprochement avec la racine « traverser » et traduit hébreu par l’homme qui vient de l’autre côté de l’Euphrate.
7) 14 Dès que celui-ci apprit la capture de son frère, il mit sur pied trois cent dix-huit de ses vassaux, liés de naissance à sa maison. Il mena la poursuite jusqu’à Dan. 15 Il répartit ses hommes pour assaillir de nuit les ennemis. Il les battit et les poursuivit jusqu’à Hova qui est au nord de Damas. 16 Il ramena tous les biens, il ramena aussi son frère Loth et ses biens, ainsi que les femmes et les parents.
Notons qu’Abram est vainqueur de Kedorlaomer, qui est vainqueur des rois révoltés. Abram est donc placé au sommet des victoires militaires du chapitre.
Note TOB 2012 : La tradition juive voit dans le nombre des combattants (318) une référence au nom d’Eliézer (voir 15,2). En additionnant la valeur numérique de chacune des lettres qui le composent (en hébr. chaque lettre a une valeur numérique), on obtient en effet un total de 318.
8) 17Le roi de Sodome s’avança vers la vallée de Shawé, c’est-à-dire la vallée du roi, à la rencontre d’Abram qui revenait victorieux de Kedorlaomer et des rois qui l’accompagnaient.
Selon les étapes 4 et 5 du récit, il semble que le roi de Sodome est mort.
Le roi de Sodome propose à Abram de prendre les biens de Sodome qu’il semble avoir sauvée dans son combat contre Kedorlaomer (point 7). Abram refuse. Il ne souhaite pas que le roi de Sodome puisse dire qu’il a enrichi Abram.
9) 18 C’est Melkisédeq, roi de Salem, qui fournit du pain et du vin. Il était prêtre de Dieu, le Très-Haut, 19 et il bénit Abram en disant : « Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut
qui crée ciel et terre ! 20 Béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes adversaires entre tes mains ! » Abram lui donna la dîme de tout.
Cette apparition de Melkisédeq est le passage le plus surprenant de ce chapitre, et peut-être même de tout le livre.
Note TOB 2012 : Mélkisédeq est à la fois roi et prêtre, comme les souverains orientaux. […] En hébr., le nom Mélkisédeq évoque les idées de souveraineté et de justice (voir encore Ps 110 et dans le N.T. He 7 où Mélkisédeq est considéré comme l’une des figures du Messie). Ici, il apparait dans des fonctions sacerdotales : il fournit (litt. fait sortir) du pain et du vin, il reçoit la dîme d’Abram et il prononce la bénédiction. Il est le prêtre de El Elyon (voir Dt 32,8), le Dieu Très Haut, qui paraît avoir été vénéré longtemps à Jérusalem mais qui n’est autre, pour l’auteur de ce texte, que le Dieu d’Israël.

Genèse 15
1-6 Alliance de Dieu à Abram et le problème de la descendance.
1 Après ces événements, la parole du SEIGNEUR fut adressée à Abram dans une vision. Il dit : « Ne crains pas, Abram, c’est moi ton bouclier ; ta solde sera considérablement accrue. » 2 Abram répondit : « Seigneur DIEU, que me donneras-tu ? Je m’en vais sans enfant, et l’héritier de ma maison, c’est Eliézer de Damas. »
Fondamentalement, il s’agit ici du problème que tout croyant rencontre entre sa foi en la promesse et la faiblesse de sa réalisation présente. Voici le commentaire de Paul :
Romains 4,17 En effet, il est écrit : J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de peuples. Il est notre père devant celui en qui il a cru, le Dieu qui fait vivre les morts et appelle à l’existence ce qui n’existe pas. 18 Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole : Telle sera ta descendance19 Il ne faiblit pas dans la foi en considérant son corps – il était presque centenaire – et le sein maternel de Sara, l’un et l’autre atteints par la mort.
6 Abram eut foi dans le SEIGNEUR, et pour cela le SEIGNEUR le considéra comme juste.
Ce verset est devenu absolument central pour la théologie de l’apôtre Paul. Abram devient ainsi le modèle des croyants, entre désespoir et espérance persévérante.
Romains 4,9 Cette déclaration de bonheur ne concerne-t-elle donc que les circoncis, ou également les incirconcis ? Nous disons en effet : la foi d’Abraham lui fut comptée comme justice10 Mais dans quelles conditions le fut-elle ? Avant, ou après sa circoncision ? Non pas après, mais avant ! 11 Puis le signe de la circoncision lui fut donné comme sceau de la justice reçue par la foi, lorsqu’il était incirconcis ; ainsi devint-il à la fois père de tous les croyants incirconcis, pour que la justice leur fût comptée, 12 et père des circoncis, de ceux qui non seulement appartiennent au peuple des circoncis, mais marchent aussi sur les traces de la foi de notre père Abraham, avant sa circoncision.
7-17 La réponse divine à Abram par le sacrifice et l’annonce de l’esclavage en Egypte.
A la question d’Abram, « comment saurais-je que je le posséderai ? » Dieu répond en invitant Abram a offrir un sacrifice. Des rapaces s’abattent alors sur les animaux sacrifiés, et Abram les chasse. Cet épisode de mauvaise augure évoque sans doute l’esclavage en Egypte : c’est ici la seule mention explicite du récit de l’Exode dans la Genèse. La durée de l’esclavage s’y trouve mentionnée :
13 Il dit à Abram : « Sache bien que ta descendance résidera dans un pays qu’elle ne possédera pas. On en fera des esclaves, qu’on opprimera pendant quatre cents ans. 14 Je serai juge aussi de la nation qu’ils serviront, ils sortiront alors avec de grands biens. 
18-21 Dieu conclut une alliance avec Abram. C’est ici le territoire le plus vaste qui ait été promis aux fils d’Israël, du Nil à l’Euphrate.
18 En ce jour, le SEIGNEUR conclut une alliance avec Abram en ces termes : « C’est à ta descendance que je donne ce pays, du fleuve d’Egypte au grand fleuve, le fleuve Euphrate.

Genèse 16
Naissance d’Ismaël, fils d’Abram et de sa servante Hagar, selon la demande de Saraï, sa femme, qui était stérile. Pour Hagar enceinte, Saraï sa maîtresse ne compte plus. Saraï s’en plaint à Abram. Abram remet Hagar au pouvoir de Saraï, qui la maltraite. Hagar prend la fuite en Egypte, où l’ange du Seigneur lui demande de retourner vers Saraï :
9 L’ange du SEIGNEUR lui dit : « Retourne vers ta maîtresse et plie-toi à ses ordres. » 10 L’ange du SEIGNEUR lui dit : « Je multiplierai tellement ta descendance qu’on ne pourra la compter. » 11 L’ange du SEIGNEUR lui dit : « Voici que tu es enceinte et tu vas enfanter un fils, tu lui donneras le nom d’Ismaël car le SEIGNEUR a perçu ta détresse. 12 Véritable âne sauvage, cet homme ! Sa main contre tous, la main de tous contre lui, à la face de tous ses frères, il demeure. »
15 Hagar enfanta un fils à Abram ; il appela Ismaël le fils que Hagar lui avait donné.
[Dictionnaire illustré de la Bible, Paris, Bordas, 1990,p. 302] : Ismaël, fils du patriarche Abraham et de sa concubine Hagar. Ancêtre éponyme des Ismaélites, ancien groupe de douze tribus nord-arabiques. Aux yeux de l’Islam, il est le véritable dépositaire de l’enseignement d’Abraham, qu’il aida à construire la Ka’aba de la Mecque, cette « Maison de Dieu » qui, bien avant Mohammed (Mahomet), était devenue le sanctuaire principal des tribus de la péninsule arabique.
Voir à ce sujet Genèse 25,1-6.

Genèse 17
1-8 Récapitulation précise de la promesse et de l’alliance de Dieu avec Abram, qui devient Abraham.
1 Quand Abram eut quatre-vingt-dix-neuf ans, le Seigneur lui apparut et lui déclara : « Je suis le Dieu souverain [el shadday]. Vis toujours en ma présence et sois intègre.
L’étude complète du mot shadday est trop complexe pour être présentée ici, ce mot peut signifier, selon les versions : tout-puissant, souverain, tout-suffisant, capable l’engendrer, redoutable, etc.
2 Je vais établir mon alliance entre toi et moi et te donner un très grand nombre de descendants. » 3 Abram se jeta face contre terre et Dieu reprit : 4 « Voici à quoi je m’engage envers toi : tu deviendras l’ancêtre [av] d’une multitude [hamon] de peuples [goim]. 5 On ne t’appellera plus Abram, mais Abraham, car je ferai de toi l’ancêtre [av] d’une multitude [hamon] de peuples [goim].
A propos de l’étymologie des mots Abram et Abraham, plusieurs explications, d’ancienneté différente, concordent en partie et montrent la complexité du problème religieux de ce nom :
1932, réf., Dir. Alexandre Westphal, Dictionnaire Encyclopédique de la Bible, p.7 : Le plus célèbre des Patriarches, appelé communément le Père des croyants (cf. Rm 4,12, etc.), ou encore, par Jacq. 2,23 et par le Coran, l’Ami de Dieu. Son nom semble avoir été primitivement Abram (cf. les noms hébreu Abiram et babylonien Abiramou).
1978, catho., Cerf, O Odelain, Dictionnaire des noms propres de la Bible : Abraham (256), « Le Père aime » (d’après l’akkadien), ou Abram (61), « Le Père est haut » (cf. Rama).
1990, catho., Bordas, G. Bellinger, Dictionnaire illustré de la Bible, p.28 : Lorsque l’alliance se conclut, Dieu changera le nom du patriarche : de Abram (« père élevé ») il devin Abraham : « père d’une multitude ».
2012, œcu., La Bible TOB : Ce passage décrit l’alliance entre Dieu est Abraham comme un don unilatéral de la part de Dieu. Par elle, Dieu fait d’Abraham le père d’une multitude (hamôn, allusion au nouveau nom porté par le patriarche), le « père des croyants ». En fait Abram et Abraham paraissent être deux variantes dialectales d’un même nom dont la signification est : « le père (sans doute la divinité protectrice du clan) est élevé ».
2019, évang., Bible avec notes d’étude Vie Nouvelle : Les noms jouent un rôle symbolique important, dans la Bible, puisqu’ils sont souvent en rapport avec le caractère ou le vécu d’une personne. Voilà pourquoi, peu avant la conception du fils promis, Dieu change le nom d’Abram (« père élevé ») en celui d’Abraham (qui ressemble à « père d’une multitude »).
9-14 L’alliance de la circoncision.
13Ainsi l’esclave né chez toi et celui que tu auras acheté seront circoncis, afin que mon alliance soit inscrite dans votre chair comme une alliance éternelle. 14Quant à l’homme non circoncis, il sera exclu [selon d’autres traductions : retranché, exterminé] du peuple pour n’avoir pas respecté les obligations de mon alliance. »
Cette sentence dure étonne ici, car elle appartient plutôt au caractère de la Loi. Voir également Ge 26,5, où Abraham est décrit comme un observateur de la Loi, ce qui est un anachronisme, Moïse ayant reçu la Loi un demi millénaire plus tard.
15-17 Saraï appelée Sara, incrédulité et rire d’Abraham.
17 Abraham se jeta face contre terre et il rit, car il se disait : « Comment aurai-je un enfant, moi qui ai cent ans, et comment Sara qui en a quatre-vingt-dix deviendrait-elle mère ? ».
Le rire de Sara (chap 18) est très souvent mentionné, tandis qu’on ignore souvent celui d’Abraham.
18-22 Désir d’Abraham et contestation de Dieu au sujet d’Ismaël.
Au patriarche, visiblement attaché à son fils Ismaël, Dieu accorde sa bénédiction, mais l’alliance est réservée à Isaac, fils de Sara, dont le nom apparaît ici pour la 1ère fois.
23-27 Abraham circoncis tout son clan, y compris Ismaël, auquel le patriarche semble attaché. Cela signifie qu’Ismaël a fait partie du clan d’Abraham malgré le rejet de Sara.

Genèse 18
1-15 Apparition de Dieu à Abraham, à Mamré. Le texte parle tantôt de YHWH, tantôt de trois hommes.
1 Le SEIGNEUR [YHWH] apparut à Abraham aux chênes de Mamré alors qu’il était assis à l’entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour. 2 Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. A leur vue il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre.
Abraham et Sara préparent à manger aux trois hommes.
9-15 Rappel de la promesse, rire et négation de Sara.
13 Le SEIGNEUR dit à Abraham : « Pourquoi ce rire de Sara ? Et cette question : “Pourrais-je vraiment enfanter, moi qui suis si vieille ?” 14 Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le SEIGNEUR ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils. » 15 Sara nia en disant : « Je n’ai pas ri », car elle avait peur. « Si ! reprit-il, tu as bel et bien ri. »
16-19 Départ des trois hommes vers Sodome et rappel à Abraham de pratiquer la justice et le droit (seule mention de cette exigence dans la Genèse).
19 car j’ai voulu le connaître afin qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie du SEIGNEUR en pratiquant la justice et le droit ; ainsi le SEIGNEUR réalisera pour Abraham ce qu’il a prédit de lui. »
Ici, Abraham ne doit pas seulement mettre sa confiance en Dieu, comme en 15,6, mais aussi pratiquer comportement éthiquement conséquent.
20-33 Annonce du jugement de Sodome par les hommes et intercession d’Abraham, sous la forme répétée, avec 50, 45, 40, 30, 20, 10 :
24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ! Vas-tu vraiment supprimer cette cité, sans lui pardonner à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ?
32 Il reprit : « Que mon Seigneur ne s’irrite pas si je parle une dernière fois : peut-être là s’en trouvera-t-il dix ! » – « Je ne détruirai pas à cause de ces dix. »

Genèse 19
1-3 Arrivée des deux anges à Sodome chez Loth.
1 Les deux anges arrivèrent le soir à Sodome alors que Loth était assis à la porte de Sodome. Il les vit, se leva pour aller à leur rencontre et se prosterna face contre terre. 
Les trois hommes mentionnés pour la première fois en 18,2 sont appelés parfois trois hommes, Seigneur, ou deux anges comme ici.
4-11 Perversion et crimes des gens de Sodome (un film d’horreur ou « darknet » biblique).
5 Ils appelèrent Loth et lui dirent : « Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous pour que nous les connaissions. » 6 Loth sortit vers eux sur le pas de sa porte, il la ferma derrière lui 7 et dit : « De grâce, mes frères, ne faites pas de malheur. 8 J’ai à votre disposition deux filles qui n’ont pas connu d’homme, je puis les faire sortir vers vous et vous en ferez ce que bon vous semblera. Mais ne faites rien à ces hommes puisqu’ils sont venus à l’ombre de mon toit. »
Loth veut livrer à ses voisins de Sodome ses deux filles vierges pour être violées, à la place des deux anges/hommes. Ces derniers aveuglent le peuple qui ne trouve pas la porte.
12-22 Les anges invitent Loth à fuir Sodome qu’ils vont détruire.
Ils acceptent la demande de Loth de se réfugier à Coar avec sa famille.
23-29 Destruction de Sodome. La femme de Loth est changée en statue de sel pour avoir regardé en arrière. Les termes utilisés et l’empleur de la destruction font penser à une guerre nucléaire moderne.
30-38 Les filles de Loth enivrent leur père, qui n’a pas de descendance, pour coucher avec lui, et elles enfantent le père des Moabites et le père des fils d’Ammon.

Genèse 20
1-18 Abraham à Guérar indique au roi Abimélek que Sara est sa sœur et non sa femme, pour éviter d’être tué. Abimélek, frappé par des malheurs pour avoir pris Sara, revendique sa justice auprès de Dieu, argumentant qu’il ne savait pas que Sara était mariée, et adresse des reproches à Abraham. Bien qu’étant coupable, c’est Abraham qui intercède à la fin du récit pour que les femmes d’Abimélek puissent à nouveau enfanter.
Ce récit a deux parallèles dans la Genèse : 12,10-20 ; 26,1-14.
13 Lorsque la divinité [elohim] me fit errer [m’ont fait errer] loin de la maison de mon père, je dis à Sara : “Fais-moi l’amitié de dire partout où nous irons : C’est mon frère.” »
Le mot traduit par « divinité » est un des mots usuels pour désigner Dieu (elohim est un pluriel) mais le verbe « faire errer » est aussi au pluriel, ce qui laisse penser que Abraham utilise ici une formule polythéiste, peut-être pour s’adapter au contexte culturel philistin.

Genèse 21
1-8 Naissance et circoncision d’Isaac, fils de Sara, selon la promesse de Dieu à Abraham.
6 Sara s’écria :« Dieu m’a donné sujet de rire ! Quiconque l’apprendra rira à mon sujet. »
Passage assez énigmatique, car Sara rit à nouveau, mais on ne sait pas exactement pourquoi ? Est-ce en lien à 17,17 ; 18,9-15 et 26,8 ? ou à cause du nom d’Isaac (Que Dieu rie, sourie, soit bienveillant selon TOB 2012) ?
9-21 Destin de Hagar et de son fils Ismaël. Troisième texte au sujet de Hagar et Ismaël, après Ge 16 et Ge 17,18-22 (voir encore Ge 25,12-18). Sara, à nouveau affectée par le comportement d’Ismaël, demande à Abraham de chasser Hagar et Ismaël, ce qui fâche Abraham parce que c’était son fils. Mais Dieu lui demande pourtant de les renvoyer. Abraham les congédie avec un minimum de biens, du pain et de l’eau, comme à des esclaves. Hagar découragée laisse mourir l’enfant sous un arbuste au désert, mais Dieu l’encourage par une vision, en lui montrant un puit, lui promettant qu’Ismaël deviendra une grande nation. Ismaël grandit dans le désert de Paran et sa mère lui fait épouser une égyptienne, comme elle.
12 Mais Dieu lui dit : « Ne te fâche pas à propos du garçon et de ta servante. Ecoute tout ce que te dit Sara, car c’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom.
Les raisons du choix électif d’Isaac ne sont pas données, il est question de l’élection libre, incompréhensible et souveraine de Dieu. Passage cité par Paul en Romains 9,7.
22-34 Alliance et querelles à propos des puits entre Abraham et Abimélek.
33 Il planta un tamaris à Béer-Shéva où il invoqua le SEIGNEUR, le Dieu éternel, par son nom. 34 Abraham résida longtemps au pays des Philistins.
Selon la TOB 2012, le Dieu éternel, traduction de El Olam (litt. Dieu d’éternité). Ce titre n’est attesté que dans ce verset. Les Philistins font partie des peuples de la mer. Ils furent repoussés par les Egyptiens et s’installèrent au sud de la Palestine vers 1200 av. J.-C. Le nom antique Philistins et le nom moderne Palestiniens ont la même racine, qui se repère aux consonnes identiques.

Genèse 22
1-19 Texte ultra-célèbre, fondamental pour le judaïsme, dit du « sacrifice d’Isaac », que Dieu demande temporairement à Abraham pour le mettre à l’épreuve.
1 Après ces événements, il arriva que Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham » ; il répondit : « Me voici. » 2 Il reprit : « Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l’offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerai. » 3 Abraham se leva de bon matin, sangla son âne, prit avec lui deux de ses jeunes gens et son fils Isaac. Il fendit les bûches pour l’holocauste. Il partit pour le lieu que Dieu lui avait indiqué.
6-8 Passage pathétique où Isaac demande où est l’animal à sacrifier.
6 Abraham prit les bûches pour l’holocauste et en chargea son fils Isaac ; il prit en main la pierre à feu et le couteau, et tous deux s’en allèrent ensemble. 7 Isaac parla à son père Abraham : « Mon père », dit-il, et Abraham répondit : « Me voici, mon fils. » Il reprit : « Voici le feu et les bûches ; où est l’agneau pour l’holocauste ? » 8 Abraham répondit : « Dieu saura voir l’agneau pour l’holocauste, mon fils. » Tous deux continuèrent à aller ensemble.
9- 13 Préparation interrompue du sacrifice d’Isaac.
9 Lorsqu’ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva un autel et disposa les bûches. Il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel au-dessus des bûches. 10 Abraham tendit la main pour prendre le couteau et immoler son fils. 11 Alors l’ange du SEIGNEUR l’appela du ciel et cria : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici. » 12 Il reprit : « N’étends pas la main sur le jeune homme. Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu crains Dieu, toi qui n’as pas épargné ton fils unique pour moi. » 13 Abraham leva les yeux, il regarda, et voici qu’un bélier était pris par les cornes dans un fourré. Il alla le prendre pour l’offrir en holocauste à la place de son fils.
Ce passage appelle plusieurs remarques, j’en présente cinq ici :
1- Son traitement complet est infini et excède complètement le cadre de cette page.
2- Sur le plan psychologique, le texte ne semble accorder aucune attention au traumatisme que ce geste laisse à Isaac, seule la foi d’Abraham est valorisée par Dieu selon le texte.
3- Ce texte peut être considéré comme une mise en scène servant à montrer que le judaïsme s’oppose aux sacrifices humains pratiqués dans les religions avoisinantes de l’époque. En effet, Dieu annule le sacrifice humain au dernier moment (v.12).
4- Les v.12 et 16 semble faire allusion à la mort du Christ (« toi qui n’as pas épargné ton fils unique pour moi »). Un tel rapprochement n’est évidemment pas possible historiquement. On peut par contre faire remarquer, non sans un certain vertige, que le christianisme, en accordant à la mort du Christ le statut de « sacrifice expiatoire » (par exemple Romains 3,25) peut être soupçonné d’avoir réintroduit la valeur d’une certaine forme de sacrifice humain. La disposition au martyr s’est d’ailleurs fortement manifestée dans le christianisme des premiers siècles soumis aux persécutions romaines. Cependant, il faut signaler ici que si la mort du Christ est parfois comprise comme un « sacrifice » pour le pardon de nos péchés, la théologie chrétienne précise qu’il s’agit d’un sacrifice unique, réalisé une fois pour toutes à la place de tous les humains. Dans ce sens, le christianisme supprime toute valeur aux autres sacrifices, qu’ils soient animaux ou humains, et met ainsi définitivement fin à la pratique religieuse de toute forme de sacrifice.
5- Spirituellement, ce récit peut être compris dans le sens qu’une bénédiction reçue de doit pas être considérée comme tout-à-fait définitive, car Dieu peut la retirer ou non selon son bon vouloir. Nous restons en tous temps dépendants de la volonté de Dieu.
14-19 Après cette épreuve, la bénédiction d’Abraham est renforcée :
15 L’ange du SEIGNEUR appela Abraham du ciel une seconde fois 16 et dit : « Je le jure par moi-même, oracle du SEIGNEUR. Parce que tu as fait cela et n’as pas épargné ton fils unique, 17 je m’engage à te bénir, et à faire proliférer ta descendance autant que les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer. Ta descendance occupera la Porte de ses ennemis ; 18 c’est en elle que se béniront toutes les nations de la terre parce que tu as écouté ma voix. »

Genèse 23
1-20 Mort de Sara, puis achat par Abraham aux fils de Heth de la propriété funéraire de la caverne de Makpela, à Hébron, où il ensevelit sa femme.
Une bonne partie du texte relate la négociation entre Abraham, qui veut acheter le champ avec la caverne, et les fils de Heth (Hittites ?), qui veulent les lui offrir.
Notes TOB 2012 :
Heth (ou Hatti) désigne dans les textes assyriens et babyloniens l’ensemble des pays sémitiques de l’ouest ; les fils de Heth ne sont donc plus ici les Hittites de l’empire anatolien disparu vers 1200 av. J.-C. (voir 10,15 n.).
– Selon la conception sacerdotale, Abraham a en Canaan le statut d’un émigré qui ne possède pas de terre (voir en revanche Gn 13) et qui doit donc acheter un terrain pour le tombeau familial, lequel jouait, dans l’Antiquité, un rôle tout-à-fait capital (voir 1 R 13,22 n.).

Genèse 24
1-61 Abraham âgé envoie son serviteur dans sa famille en Mésopotamie chercher une femme pour son fils Isaac.
1 Abraham était vieux, avancé en âge, et le SEIGNEUR l’avait béni en tout. 2 Abraham dit au plus ancien serviteur de sa maison, qui régissait tous ses biens : « Mets ta main sous ma cuisse 3 et jure-moi par le SEIGNEUR, Dieu du ciel et Dieu de la terre, que tu ne feras pas épouser à mon fils une fille des Cananéens parmi lesquels j’habite. 4 Mais tu iras dans mon pays et dans ma famille prendre une femme pour mon fils Isaac. »
Note TOB 2012 : « Mets ta main sous ma cuisse » : Ce geste rend le serment plus solennel, puisqu’il met en cause la force virile de l’homme (voir aussi 47,29).
Arrivé à « l’Aram-des-deux-Fleuves [la Mésopotamie] à la ville de Nahor » (v.10), le signe divin que demande le serviteur pour rencontrer la femme d’Isaac se réalise : La charmante, jeune et vierge (v.16) Rebecca, fille de Betouël, vient puiser de l’eau au puit où le serviteur attend. Elle se montre serviable envers cet étranger et lui offre l’hébergement. Laban écoute le récit du serviteur d’Abraham, qui lui explique le signe, puis s’écrie :
50 Laban [frère de Rebecca] prit la parole. Lui et Betouël s’écrièrent : « C’est du SEIGNEUR qu’est venue cette affaire et nous n’avons rien à t’en dire, ni en bien, ni en mal. 51 Rébecca est là devant toi : prends-la et va. Qu’elle soit la femme du fils de ton maître comme le SEIGNEUR l’a dit. »
Etrange formulation à la fois croyante et fataliste de Laban et Bétouël.
Spiritualité : La Bible enseigne ici comment la demande d’un signe permet de consulter Dieu, tout en demandant pourtant un acte de foi de la part du croyant dans la reconnaissance et l’interprétation du signe divin.
Le serviteur d’Abraham offre des présents à Rebecca et sa famille, et demande à partir tout de suite avec Rebecca, ce qu’elle et sa famille acceptent, en accordant une riche bénédiction à Rebecca, conforme à la vocation d’Abraham, et qui semble contredire le fatalisme précédent de Laban :
60 Ils la bénirent alors en lui disant : « Toi, notre sœur, deviens des milliers de myriades,
que ta descendance occupe la Porte de ses adversaires ! »
62-67 Rencontre pudique et romantique, puis union d’Isaac et de Rébecca, où transparait pourtant l’autorité de l’homme sur la femme :
62 Au coucher du soleil, Isaac s’en revenait au puits de Lahaï-Roï. Il habitait alors dans la région du Néguev 63 et était sorti méditer dans la campagne à l’approche du soir. Il leva les yeux et vit les chameaux qui arrivaient. 64 Rébecca leva les yeux, vit Isaac, sauta de chameau 65 et dit au serviteur : « Quel est cet homme qui marche dans la campagne à notre rencontre ? » – « C’est mon maître », répondit-il. Elle prit son voile et s’en couvrit. 66 Le serviteur raconta à Isaac tout ce qu’il avait fait. 67 Isaac la fit entrer dans sa tente. Il avait eu Sara pour mère ; il prit Rébecca et elle devint sa femme. Isaac l’aima et fut réconforté après la disparition de sa mère.

Genèse 25
1-6 Intéressante mention d’autres femmes et de descendances d’Abraham en dehors de sa vocation et de la descendance du peuple élu.
1 Abraham prit encore une femme ; elle s’appelait Qetoura. 2 Elle lui donna Zimrân, Yoqshân, Medân, Madiân, Yishbaq et Shouah. 3 Yoqshân engendra Saba et Dedân. Dedân eut pour fils les Ashourites, les Letoushites et les Léoummites. 4 Madiân eut pour fils Eifa, Efèr, Hanok, Avida et Eldaa. Ce sont là tous les fils de Qetoura. 5 Abraham donna tous ses biens à Isaac. 6 Aux fils de ses concubines, Abraham fit des donations. Mais, de son vivant, il les éloigna de son fils Isaac, vers le pays de Qèdèm.
Spiritualité : Ces mentions, souvent évacuées de la prédication chrétienne, soulignent que les patriarches sont aussi des hommes ordinaires selon les mœurs de leur époque. Cette polygamie d’Abraham donne à lire différemment le récit de Genèse 16.
Note TOB 2012 : On n’a pas trouvé d’autres attestation du nom de Qetoura, qui signifie peut-être « encens ». Elle devient en effet la matriarche des tribus arabes impliquées dans le commerce de l’encens. Cette descendance est intéressante pour les rapports futurs entre Israël et Madian (voir Ex 2,15). Dedân figure dans une autre généalogie (voir Gn 10,7). Le v.6 suppose l’existence d’autres femmes secondaires d’Abraham, qui ne sont pas mentionnées ailleurs. Qédém, qui signifie « l’est », est compris ici comme le nom d’une région, probablement située au nord-est d’Israël.
7-11 Mort et ensevelissement d’Abraham dans la caverne de Makpéla, où est enterrée Sara.
12-18 Descendance d’Ismaël, fils d’Abraham.
Quatrième texte au sujet de Hagar et Ismaël, après Ge 16 ; 17,18-22 et 21,9-21. Cela confirme l’importance d’Ismaël dans le livre de la Genèse, et confirme qu’Abraham est aussi un important patriarche de nombreuses tribus arabes.
Note TOB 2012 : Certains des noms des descendants d’Ismaël sont attestés dans des textes des VIIIe-VIIe siècles ; d’autres ont des parallèles dans des textes bibliques de l’époque exilique et postexilique (VIe siècle et ultérieurs) ; d’autres sont inconnus. Ils désignent certains groupes arabes, probablement du nord de l’Arabie. L’auteur en nomme 12 en parallèle avec les 12 tribus d’Israël.
19-23 Stérilité puis annonce de la grossesse des jumeaux de Rebecca.
19 Voici la famille d’Isaac, fils d’Abraham.Après qu’Abraham eut engendré Isaac, 20 celui-ci, à quarante ans, prit pour femme Rébecca, fille de Betouël, l’Araméen de la plaine d’Aram, et sœur de Laban l’Araméen. 21 Isaac implora le SEIGNEUR pour sa femme, car elle était stérile. Le SEIGNEUR eut pitié de lui, sa femme Rébecca devint enceinte, 22 mais ses fils se heurtaient en son sein et elle s’écria : « S’il en est ainsi, à quoi suis-je bonne ? » Elle alla consulter le SEIGNEUR, 23 qui lui répondit : « Deux nations sont dans ton sein, deux peuples se détacheront de tes entrailles. L’un sera plus fort que l’autre et le grand servira le petit. »
Note TOB 2012 v.21 : La stérilité de Rebecca rappelle celle de Sarah, et l’intercession d’Isaac celle d’Abraham.
24-28 Naissances, différences et relation conflictuelle d’Esaü et Jacob.
27 Les garçons grandirent. Esaü était un chasseur expérimenté qui courait la campagne ; Jacob était un enfant raisonnable qui habitait sous les tentes. 28 Isaac préférait Esaü, car il appréciait le gibier ; Rébecca préférait Jacob.
Ici, fait inhabituel, la Genèse attribue à la femme Rébecca un caractère plus spirituel qu’à l’homme Isaac, qui apprécie Esaü pour les mets de gibier que ce dernier lui procure.
29-34 Esaü vend son droit d’aînesse à Jacob, acte qu’il regrettera par la suite. La proposition de Jacob souligne une première fois ici son caractère rusé, mais cette ruse est jugée moins sévèrement que le mépris d’Esaü pour sa priorité d’héritier premier-né de la bénédiction patriarcale. Ce désintérêt pour la promesse de la foi est le péché par excellence, car il se prive lui-même de la bénédiction associée à l’élection.
31 Jacob répondit : « Vends-moi aujourd’hui même ton droit d’aînesse. » 32 Esaü reprit : « Voici que je vais mourir, à quoi bon mon droit d’aînesse ? » 33 Jacob dit : « Aujourd’hui même, jure-le-moi. » Esaü le lui jura, il vendit son droit d’aînesse à Jacob, 34 qui lui donna du pain et du brouet de lentilles. Il mangea et but, il se leva et partit. Esaü méprisa son droit d’aînesse.
Epître aux Romains 9,10-13 : 10 Et ce n’est pas tout ; il y a aussi Rébecca. C’est du seul Isaac, notre père, qu’elle avait conçu ; 11 et pourtant, ses enfants n’étaient pas encore nés et n’avaient donc fait ni bien ni mal que déjà – pour que se perpétue le dessein de Dieu, dessein qui procède par libre choix 12 et ne dépend pas des œuvres, mais de celui qui appelle – il lui fut dit : L’aîné sera soumis au plus jeune13 selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü.
Note TOB 2012 : Malachie 1,2-3 : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü : sémitisme pour j’ai préféré Jacob à Esaü (voir Gn 29,31 et Lc 14,26 éclairé par Mt 10,37). Il ne s’agit pas ici d’un jugement de valeur porté sur les deux fils d’Isaac, mais de la place et du rôle de la descendance de chacun d’eux dans l’histoire du salut.

Genèse 26
1-14a Isaac et Rebecca chez Abimélek.
Ce récit a deux récits parallèles dans la Genèse, leur structure est fortement semblable, au point qu’il est impossible qu’ils soient indépendants littérairement : 12,10-20 ; 20,1-18. Isaac dit que Rebecca est sa sœur et non sa femme par crainte d’être tué.
4 Je ferai proliférer ta descendance autant que les étoiles du ciel, je lui donnerai toutes ces terres et, en elle, se béniront toutes les nations de la terre, 5 parce qu’Abraham a écouté ma voix et qu’il a gardé mes observances, mes commandements, mes décrets et mes lois. »
Abraham est décrit ici comme un observateur de la Loi, ce qui est un anachronisme, Moïse ayant reçu la Loi un demi millénaire plus tard.
14b-22 Disputes entre Isaac et les Philistins au sujet des puits d’eau, bouchés par les Philistins, et déplacement d’Isaac.
23-25 Rappel à Isaac de la bénédiction d’Abraham à Béer-Shéva.
26-33 Alliance de raison entre Isaac et les Philistins au sujet du territoire et des puits d’eau. Il s’agit d’un pacte de non-agression.
27 Isaac leur dit : « Pourquoi êtes-vous venus à moi ? Vous me détestez et vous m’avez renvoyé de chez vous. » 28 Ils répondirent : « Nous sommes bien obligés de constater que le SEIGNEUR est avec toi et nous nous sommes dit : Qu’il y ait un serment de part et d’autre, entre nous et toi ; concluons un pacte avec toi ! 
34-35 Mariage d’Esaü avec deux femmes Hittites, qui « rendirent l’embiance pénible à Isaac et Rébecca » (v.35).

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