Introduction au livre biblique du prophète Osée

Voir également mes deux prédications, citées dans le texte ci-dessous :

Livre du prophète Osée, chapitres 1 et 3 – Les deux récits de mariage d’Osée
Prédication : La ou les épouses du prophète Osée

Livre du prophète Osée, chapitre 11 – L’amour déçu du père l’emporte malgré tout
Prédication : Le surpassement divin de l’amour blessé

Introduction

L’étude historique et théologique du livre d’Osée est difficile. Il est impossible d’éclaircir toutes les questions en évitant les conjectures et les erreurs. Le dernier verset du livre admet cette difficulté et invite à lire le livre avec prudence et sagesse :

Qui est assez sage pour discerner ces choses et assez intelligent pour les connaître ? Oui, les chemins du SEIGNEUR sont droits, et les justes y marcheront, mais les rebelles y trébucheront.

Osée 14,10

Le principal enjeu théologique du livre consiste en une invitation à distinguer la vraie religion (le culte de Yahvé) de la fausse religion (l’idolâtrie). La question qui nous est posée est la suivante : Quels sont les caractères théologiquement pertinents du culte de Yahvé, tel que présentés par le livre, qui justifient son choix préférentiel. Une simple différence de nom, Yahvé ou les Baals, ne semble pas être un critère suffisant de distinction. L’enjeu se situe vraisemblablement dans l’exclusivité de l’amour du Dieu Yahvé, qui confère au débat religieux une fonction critique sur le plan éthique. Le yahvisme ne saurait se limiter à une vénération cultuelle extatique et jubilatoire.

Situation historique

A la mort de Salomon, fils de David, en 931 av. J.-C. environ, un schisme divise le Royaume de Juda, au sud, avec Jérusalem comme capitale, et le Royaume d’Israël (appelé souvent Ephraïm dans le livre d’Osée), au nord, avec comme capitales Sichem puis Samarie.

Selon l’indication chronologique d’Osée 1,1, l’activité du prophète se déroule au VIIIe siècle av. J.-C., avant et après la prise de Samarie par le roi assyrien Sargon II, qui entraîne la chute du Royaume d’Israël et la déportation de ses habitants en Assyrie en 722 av. J.-C. Thomas Römer, exégète de l’Ancien Testament et professeur au Collège de France, précise que « le livre d’Osée se trouve en tête de la collection des XII Prophètes. Il a été placé dans cette position à cause des indications chronologiques contenues en Os 1,1, qui font d’Osée le plus ancien des prophètes [bibliques] à avoir donné son nom à un livre » (Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (ed.), Introduction à l’Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 2015, p. 464).

Le livre d’Osée recèle plusieurs références indirectes à la guerre dite Syro-Ephraïmite, lors de laquelle le roi Péqah du Royaume d’Israël (735-732) fait alliance avec le roi Syrien de Damas Récîn, contre le roi Achaz du Royaume de Juda à Jérusalem (735-716?), lequel fait appel au roi Tiglath-Piléser III d’Assyrie (747-727) et lui paye tribut. Tiglath-Piléser III annexe une partie du territoire du Royaume d’Israël et tue Récîn, tandis que Péqah est tué par son successeur Osée sur le trône du Royaume du Nord (732-724, ne pas le confondre avec le prophète du même nom). Le roi Osée, cherchant à faire alliance avec l’Egypte, qui est affaiblie, contre l’Assyrie, précipite la prise de Samarie en 722-721 par le roi assyrien Sargon II (722-705). Plus généralement, c’est la duplicité des alliances d’Israël qui est dénoncée, signe d’une recherche désespérée de secours tous azimuts :

Ephraïm se repaît de vent et court après le vent d’est tout le long du jour ; il multiplie mensonges et violences. Ils concluent un pacte avec l’Assyrie et livrent de l’huile en Egypte.

Osée 12,2

Cependant, le livre d’Osée contient également plusieurs mentions de la prise de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor, qui entraîne la chute du Royaume de Juda et la déportation de ses habitants à Babylone, en 598 puis en 587 av. J.-C., ce qui suggère l’existence de rédacteurs plus tardifs, qui ont ajouté à l’intérieur du texte des éléments concernant plus particulièrement la défaite du Royaume de Juda.

6 Elle [Gomer] conçut encore et enfanta une fille, et le SEIGNEUR dit à Osée : « Donne-lui le nom de Lo-Rouhama – c’est-à-dire : Non-aimée –, car je ne continuerai plus à manifester de l’amour à la maison d’Israël : je le lui retirerai tout entier.
7Mais la maison de Juda, je l’aimerai et je les sauverai par le SEIGNEUR leur Dieu ; je ne les sauverai ni par l’arc ni par l’épée ni par la guerre, ni par les chevaux ni par les cavaliers. »

Osée 1,6-7 – Situation lors de la prise de samarie en 722-723 av. j-c.


L’orgueil d’Israël témoigne contre lui. Israël et Ephraïm trébuchent sur leur faute, et Juda lui aussi trébuche avec eux.

Osée 5,5, voir aussi Osée 8,14 – Situation lors de la prise de jérusalem en 587 av. j-c.

Contenu et composition du livre

La complexité du texte, ainsi que les sauts parfois inexplicables d’une thématique à l’autre, plaident en faveur d’une composition littéraire longue et complexe, échelonnée sur plusieurs siècles. Il n’est plus possible de distinguer nettement les différentes sources, ni les textes qui remontent au prophète qui a donné son nom au livre. On peut d’ailleurs s’interroger au sujet de son l’existence, tant les informations au sujet de sa vie sont minimes, se limitant à quelques mots sur son ou ses mariages (Osée 1-3).

Exemple de composition des chapitres d’Osée 1 à 3, montrant les différentes ruptures du texte, qui signalent une activité de composition du texte à partir de documents plus anciens et d’ajouts d’éléments textuels par les différents rédacteurs successifs :

Osée 1,1 : Introduction avec indication chronologique (il est étonnant que les rois de Juda au sud soient davantage mentionnés alors que la prophétie concerne majoritairement le royaume d’Israël au nord).
Osée 1,2a : Deuxième introduction.
Osée 1,2b-9 : Récit à la troisième personne de l’appel de Yahvé à Osée d’épouser « une femme se livrant à la prostitution », « Gomer fille de Divlaïm », et naissance de leur fils Izréel, de leur fille Lo-Rouhama, puis de leur fils Lo-Ammi, qui portent des noms symboliques.
Osée 1,7 : Elément textuel isolé : notice à propos de Juda.
Osée 2,1-3 : Rupture du texte : Annonce de la prospérité future d’Israël et du renversement des noms donnés aux enfants d’Osée et de Gomer.
Osée 2,4-15 : Rupture du texte : Annonce du procès de « votre mère, car elle n’est pas ma femme et je ne suis pas son mari » qui s’avère être une personnification du peuple d’Israël disgracié pour s’etre détourné de Yahvé.
Osée 2,16-19 : Suite logique du texte, mais renversement de la situation par la séduction de Yahvé, qui conduit son peuple au désert, l' »épouse » à nouveau et lui rend sa prospérité.
Osée 2,20-25 : Nouvelle alliance, qui s’étend à la nature avoisinante et rétablit la paix et la sécurité en détruisant les armes. Le peuple est fiancé à Yahvé pour toujours.
Osée 3,1-5 : Rupture du texte : Récit à la première personne de l’appel de Yahvé à Osée d’épouser « une femme aimée par un autre et se livrant à l’adultère », acquise à prix d’argent, suivi d’un temps d’abstinance réciproque correspondant au dénuement du peuple qui l’amènera à rechercher Yahvé.

Les attitudes du peuple

Lu dans la perspective de la psychologie de la religion, le livre donne à penser que l’on finit par ressembler aux dieux que l’on vénère, en s’identifiant à leurs modèles :

C’est comme des raisins au désert que j’ai trouvé Israël, comme un fruit précoce sur un figuier, dans sa primeur, que j’ai vu vos pères. Eux, dès leur arrivée à Baal-Péor, se sont voués à la Honte et sont devenus des abominations comme l’objet de leur amour.

Osée 9,10 (La Honte : terme injurieux remplaçant le nom de baal)

Thomas Römer estime que « la critique du culte de Baal qui se trouve en Osée 2,10-19 ; 11,2 et 13,1 ne vise peut-être pas le culte d’une autre divinité, mais le « faux » culte de Yhwh qui est vénéré en Israël à la manière d’un Baal (rappelons que ce terme n’est pas un nom propre mais un épithète de nombreux dieux de la fertilité) » (Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (ed.), Introduction à l’Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 2015, p. 468).

Et elle [Votre mère] n’a pas compris que c’est moi [Yahvé] qui lui donnais blé, vin nouveau, huile fraîche ; je lui prodiguais de l’argent, et l’or, ils l’ont employé pour Baal.

Osée 2,10

Le prêtre catholique sulpicien français Albert Gelin, exégète de renom (1902-1960), exprime un point de vue semblable : « La contamination du yahvisme est l’inquiétude fondamentale d’Osée. Les habitudes et, plus profondément, les conceptions religieuses des Cananéens tendaient à s’introduire dans la religion populaire. Aussi la taurolâtrie, ou la représentation de Dieu sous la forme d’un taureau, est-elle formellement combattue ; les « génisses » sont condamnées à la déportation (Osée 10,5-6), les veaux de Béthel sont des idoles de néant (8,4-6), car Yahvé ne veut pas être confondu avec les Baals (Osée 2,18 ; 13,2). […] Remarquons qu’il n’est pas toujours facile de discerner quels cultes combat Osée : celui de Yahvé, fortement « baalisé » ou celui des Baals eux-mêmes. C’est la première hypothèse de lecture qui s’impose ordinairement. » (Sous la direction de A. Robert et A. Feuillet, Introduction à la Bible. Tome I Introduction générale Ancien Testament, Tournai (Belgique), Desclée & Co., Nihil obstat 1959, p.496).

5 Il est repoussant, ton veau, Samarie ! – Ma colère s’est enflammée contre eux. Jusqu’à quand seront-ils incapables de pureté ? 6 Il vient d’Israël, un artisan l’a fait, il n’est pas Dieu ; oui, le veau de Samarie s’en ira en morceaux.

Osée 8,5-6

Le veau aussi, on l’emportera en Assyrie en offrande pour le grand roi. Ephraïm en recueillera de la honte et Israël rougira de ses intrigues.

Osée 10,6

Une constatation semblable, mais sur une base piétiste, se trouve dans la Bible d’étude évangélique, Version du Semeur, de 2022, en page 1362 : « Car on continue d’adorer l’Eternel au milieu des autres dieux, mais par un culte purement formaliste (Osée 5,6 ; 8,13 ; 9,4), et sans souci d’obéissance à la Loi (Osée 8,1-3). Osée souligne tout particulièrement le caractère faussé du culte rendu à l’Eternel, le caractère artificiel et superficiel des paroles pieuses et des rites cultuels des Israélites, parce qu’ils ne sont pas accompagnés d’une véritable humiliation et n’émanent pas d’un amour durable pour l’Eternel (Osée 6,1-7 ; 7,14-16 ; 8,13-14). » Cet ensemble est résumé en page 1363 : « Les idoles se satisfont de pratiques rituelles et ne s’embarassent pas de considérations morales. »

En guise de sacrifice ils sacrifient de la chair et la mangent, mais le SEIGNEUR n’y trouve pas de plaisir ; à présent il fait mémoire de leurs fautes et il fait le compte de leurs péchés. Ils devront retourner en Egypte.

Osée 8,13

Peu avant la chute du Royaume d’Israël, le prophète se rend compte que l’opulence matérielle d’un temps a dégradé l’état spirituel du peuple. Le relâchement moral (Osée 4,2 : tromperies, meurtres, rapts, adultères, violences, fêtes licencieuses, etc.), les infidélités religieuses (vénération des Baals en statues de veaux, prostitution sacrée, sacrifices humains, etc.), ainsi que les tentatives désespérées d’alliances avec l’Egypte et autres intrigues politiques, risquent de précipiter l’invasion assyrienne suivie de la déportation du peuple et de ses statues de Baals.

Ephraïm est une colombe naïve et sans cervelle : ils appellent l’Egypte, ils courent en Assyrie.

Osée 7,11

8 Israël est englouti : les voici parmi les nations comme un objet sans valeur ! 9 Quand il est monté vers Assour – onagre livré à lui seul –, Ephraïm s’est acheté des amants. 10 Même s’ils distribuent des cadeaux parmi les nations, je les rassemblerai maintenant, et sous peu ils trembleront sous le poids du roi des princes [Il s’agit du roi d’Assyrie].

Osée 8,8-10

Israël, vigne florissante, produisait du fruit à l’avenant. Plus ses fruits se multipliaient, plus il multipliait les autels ; plus sa terre était belle, plus ils embellissaient les stèles [Objets de vénération].

Osée 10,1

Les attitudes de Yahvé

La violence des descriptions du jugement de Dieu dans le livre d’Osée (et dans ceux des autres prophètes) choque nos esprits modernes. Elles peuvent notamment s’expliquer par le fait que lors de la rédaction finale du livre d’Osée, les catastrophes militaires et politiques mettant fin aux Royaumes du Nord et du Sud, suivies des déportations de leurs habitants (voir ci-dessus), ont eu lieu. Le prophète, en a observé concrètement la violence.

Du point de vue de la psychologie des religions, il est plus honorable d’admettre que l’on a été déporté en raison du jugement de sa propre infidélité à son dieu (ici Yahvé), qu’en raison d’une faiblesse de ce dernier, qui aurait été incapable de sauver son peuple de la déportation. La déportation « voulue par Dieu » sauve la face du Dieu Yahvé et conserve à la foi juive sa pertinence et son sens critique, en appelant le peuple au repentir. En exil en Assyrie puis en Babylonie, le peuple juif conserve ainsi son identité et se pose en témoin de Yahvé, qui n’a rien perdu de sa valeur.

Cette façon de penser est liée à la théologie de l’école deutéronomiste, que certains spécialistes de l’Ancien Testament, à la suite de Martin Noth (1902-1968), estiment responsable de la rédaction finale de l’histoire d’Israël dans les livres du Deutéronome (d’où le nom de cette école), de Josué, des Juges, de I – II Samuel et de I – II Rois. Selon la théologie deutéronomiste, le droit d’Israël de résider en Terre promise, dont les Cananéens ont été dépossédés par Yahvé en faveur d’Israël lors de la conquête du pays, est intimement lié à la fidélité d’Israël au Dieu Yahvé. Si les israélites se détournent du Dieu qui les a fait sortir de l’esclavage d’Egypte vers la Terre promise, plus rien ne justifie leur possession de cette Terre promise, et ils en sont donc exilés par Dieu et dispersés parmi les nations païennes, notamment en Assyrie, en Babylonie et en Egypte.

Ils ne pourront pas rester dans le pays du SEIGNEUR : Ephraïm retournera en Egypte, et en Assyrie ils mangeront une nourriture impure.

Osée 9,3

Selon la théologie deutéronomiste, la piété a pour fonction de poser un regard critique sur le comportement religieux et social des hommes. Le mal qui se produit peut dans certaines situations être mis en relation avec la responsabilité de celui qui le subit. Une telle religiosité « prophétique » est davantage contestataire qu’attestataire vis-à-vis de la société.

Plusieurs séquences du livre d’Osée, qui datent peut-être de l’époque perse (depuis la fin du VIe siècle, après le retour des exilés en Israël autorisé par l’Edit du roi perse Cyrus en 538 avant J.-C.), soulignent que le jugement divin n’aura pas le dernier mot, mais que par la seule grâce de Yahvé, et non par les mérites du peuple, la condamnation cédera la place au salut et au rétablissement définitif de la prospérité d’Israël.

5 Je les guérirai de leur apostasie,
je les aimerai avec générosité :
ma colère s’est détournée de lui,
6 je serai pour Israël comme la rosée,
il fleurira comme le lis
et il enfoncera ses racines comme la forêt du Liban,
7 ses rejetons s’étendront,
sa splendeur sera comme celle de l’olivier,
et son parfum comme celui du Liban ;
8 ils reviendront, ceux qui habitaient à son ombre,
ils feront revivre le blé,
ils fleuriront comme la vigne,
et on en parlera comme du vin du Liban.
9 Ephraïm ! qu’ai-je encore à faire avec les idoles ?
C’est moi qui lui réponds et qui veille sur lui.
Je suis, moi, comme un genévrier toujours vert,
c’est de moi que procède ton fruit.

Osée 14,5-9, passage conclusif du livre

La théologie de l’amour-fidélité

La théologie du livre d’Osée nous empêche de conclure trop facilement que le Dieu qui châtie est un Dieu sans cœur. Au contraire, selon la logique du livre, c’est l’intensité de l’amour exclusif que Yahvé porte à Israël qui le conduit à sanctionner sévèrement l’infidélité religieuse du peuple. Le rabbin David Benezra résume ainsi le message du livre : « Dans son Livre, il [Osée] adresse à son peuple de sévères réprimandes et de graves menaces, mêlées de paroles d’amour et de consolation. […]. Pour Hochéa’ la relation entre D.ieu et Son peuple est une relation de couple basée sur l’amour impliquant une fidélité réciproque. » (Sous la direction de Moché Elkouby, Aux sources du judaïsme. Tome 1, Paris, Editions ADLIC, 2017, chapitre « Le livre du prophète Hochéa’ (Osée) : 14 chapitres. Présenté par le Rav David Benezra », p.288).

Le livre d’Osée emploie le mot hébreu hèsèd pour exprimer cet amour exclusif réciproque. Dans la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), selon les passages, hèsèd est traduit par différents mots : fidélité, loyauté, amour, bonté, faveur, grâce, miséricorde, piété, etc. La hèsèd est une attitude spirituelle considérée comme plus importante que les sacrifices sanglants opérés au temple par les prêtres lévites.

Car c’est l’amour [hèsèd] qui me plaît, non le sacrifice ; et la connaissance de Dieu, je la préfère aux holocaustes.

Osée 6,6, repris dans l’Evangile de matthieu en 9,13 et 12,7.

Cette théologie de l’amour s’exprime aussi au travers « de nombreuses images tirées de la vie quotidienne. [Dans le livre d’Osée,] Dieu est présenté notamment en tant que mari, père, lionne, panthère, ourse, rosée, pluie, teigne et carie ; Israël est décrit en tant qu’épouse, personne malade, vigne, raisin, olivier, femme qui accouche, four, rosée matinale, bale ou encore fumée » (Bible avec notes d’études Vie Nouvelle 2019, p.1262).

Dans la perspective de cette théologie de l’amour, le livre développe plusieurs « moyens » employés par Yahvé pour amener le peuple d’Israël à revenir à la hèsèd, la piété fidèle envers Yahvé. Le chapitre 11 du livre d’Osée, bien que le mot hèsèd n’y figure pas, développe la quintessence de ce processus de retour à Yahvé par l’effet de l’amour divin. Le repentir de Yahvé, qui renonce au jugement (Osée 11,8-9), entraine le repentir du peuple, qui renonce à l’idolâtrie. Voir ce thème développé dans ma prédication sur Osée 11, avec une importante citation de l’exégète Edmond Jacob. A d’autres endroits du livre d’Osée, différents « moyens » de retour à Dieu sont évoqués. En premier lieu, l’attrait du désert constitue une forme classique de reconsécration à Dieu :

Eh bien, c’est moi qui vais la [La femme, c’est-à-dire Israël] séduire, je la conduirai au désert et je regagnerai sa confiance.

Osée 2,16

Le désert ne représente pas ici le lieu du châtiment, mais le passage obligé par le lieu du dénuement où l’on ne peut plus compter ni sur soi-même, ni sur la nature, ni sur les hommes, et qui nous invite ainsi « naturellement » à replacer notre confiance en Dieu. Cette « conduite au désert par Dieu » (que l’on retrouve dans le récit de la tentation du Christ, Matthieu 4,1-11) est aussi l’invitation à se désencombrer du superflu, des richesses qui envahissent l’esprit, nous éloignant ainsi de Dieu. Une autre stratégie divine, plus « sévère », consiste à faire ressentir au peuple le vide lié à l’absence divine, en le plongeant dans la détresse qui accompagne tout manque existentiel. Cela dit, ce vide peut être compris soit comme l’oeuvre de Dieu, soit comme la conséquence de la conduite du peuple :

15 Je [Le Seigneur] m’en irai, je retournerai chez moi, jusqu’à ce qu’ils s’avouent coupables et qu’ils recherchent ma face. Dans leur détresse, ils se mettront en quête de moi.
1« Venez, retournons vers le SEIGNEUR. C’est lui qui a déchiré et c’est lui qui nous guérira, il a frappé et il pansera nos plaies. 2 Au bout de deux jours, il nous aura rendu la vie, au troisième jour, il nous aura relevés et nous vivrons en sa présence. 3 Efforçons-nous de connaître le SEIGNEUR : son lever est sûr comme l’aurore, il viendra vers nous comme vient la pluie, comme l’ondée de printemps arrose la terre. »

Osée 5,15-6,3

Nous avons là une description d’une piété qui considère que toutes choses proviennent ultimement de Dieu, les épreuves comme les bénédictions, ce qui conduit à une confiance profonde, selon laquelle, avec les mots de l’apôtre Paul, « nous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, et qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8,28). L’appel prophétique trouve sa formulation la plus explicite dans ce passage du livre souvent cité :

Faites-vous de justes semailles, vous récolterez de généreuses moissons ; défrichez-vous un champ nouveau ; c’est maintenant qu’il faut chercher le SEIGNEUR jusqu’à ce qu’il vienne répandre sur vous la justice.

Osée 10,12 Justice peut être compris ici au sens de grâce

La ou les épouses du prophète Osée

La lecture de ce chapitre gagne à être précédée de celle de ma prédication sur Osée 1-3 « La ou les épouses du prophète Osée », et en particulier, dans cette prédication, de l’interprétation que propose Edmond Jacob, qui me semble être la plus fidèle à l’esprit du texte et à laquelle je me rallie. J’expose ci-dessous une série de positions sur cette question parmi les commentateurs juifs, catholiques, protestants et évangéliques.

De quel type de prostitution s’agit-il ?

Dans son commentaire de 1965, Edmond Jacob développe la question de la nature exacte de la prostitution de Gomer : « Gomer est une prostituée. Là encore plusieurs explications sont possibles ; la racine hébraïque zonâ est un terme classique pour désigner la prostituée ; néanmoins, bien qu’il y ait pour cette sorte de prostitution un terme spécifique qedésha, il n’est pas interdit d’y voir une prostituée sacrée, à quoi nous invitent les allusions d’Osée lui-même et ce que nous savons par d’autres sources sur les cultes cananéens. L’expression ‘éshèt zenoûnim [Dans Os 1,2, littéralement une femme de prostitutions : la terminaison -im étant la marque du pluriel] est particulière à notre prophète ; elle a été interprétée comme une atténuation ou une amplification du terme classique zonâ, c’est-à-dire soit une femme ayant des tendances à la prostitution sans en faire son métier, soit au contraire une prostituée notoire ; le pluriel ayant en hébreu très souvent un sens intensif, nous préférons cette deuxième explication » (E. Jacob et al., Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Commentaire de l’A. T. XIa, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1965, p.20).

Condamnations de la Thora

La condamnation de telles unions est explicite dans la Thora, et conduit à des sanctions d’une violence inouïe, mais l’on ne sait pas dans quelle mesure ces commandements étaient pratiqués à la lettre :

29 Ne déshonore pas ta fille en la prostituant, de peur que le pays ne se prostitue et qu’il ne se remplisse d’impudicité ; 30 observez mes sabbats et révérez mon sanctuaire. C’est moi, le SEIGNEUR.

Lévitique 19,29-30

7 ils ne prendront pas pour épouse une femme prostituée ou déshonorée ; ils ne prendront pas une femme répudiée par son mari ; car le prêtre est consacré à son Dieu ; 8 tu le tiendras pour saint, car c’est lui qui présente la nourriture de ton Dieu ; il sera saint pour toi, car je suis saint, moi, le SEIGNEUR, qui vous sanctifie. 9 Si la fille d’un prêtre se déshonore en se prostituant, c’est son père qu’elle déshonore, elle sera brûlée.

Lévitique 21,7-9

22 Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, ils mourront tous les deux, l’homme qui a couché avec la femme, et la femme elle-même. Tu ôteras le mal d’Israël.
23 Si une jeune fille vierge est fiancée à un homme, et qu’un autre homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, 24 vous les amènerez tous les deux à la porte de cette ville, vous les lapiderez et ils mourront : la jeune fille, du fait qu’étant dans la ville, elle n’a pas crié au secours ; et l’homme, du fait qu’il a possédé la femme de son prochain. Tu ôteras le mal du milieu de toi.

Deutéronome 22,22-24

18 Il n’y aura pas de courtisane sacrée parmi les filles d’Israël ; il n’y aura pas de prostitué sacré parmi les fils d’Israël. 19 Tu n’apporteras jamais dans la maison du SEIGNEUR ton Dieu, pour une offrande votive, le gain d’une prostituée ou le salaire d’un « chien », car, aussi bien l’un que l’autre, ils sont une abomination pour le SEIGNEUR ton Dieu.

deutéronome 23,18-19 Il est question d’une prostitution féminine et masculine

Un ou deux mariages d’Osée ?

La question du nombre de femmes d’Osée s’est toujours posée : Certains commentaires, qui visent une compréhension littérale et exacte des textes, estiment que les trois premiers chapitres du livre d’Osée parlent de la même femme, épousée deux fois, mais il s’agit de reconstructions conjecturales de l’histoire, car on ne peut tirer des textes des arguments explicites permettant d’effacer toute hésitation. Par exemple, la Bible d’études évangélique Vie Nouvelle de 2019 donne la description suivante des faits : « Peu de temps après la naissance du troisième enfant, Gomer quitte le foyer et s’adonne à la prostitution au point de devenir une esclave sexuelle. Osée doit racheter sa liberté et lui demande alors avec insistance de rester fidèle (Bible avec notes d’études Vie Nouvelle 2019, p.1265).

A l’encontre de cette approche, on peut observer qu’au premier chapitre du livre d’Osée, le mariage avec la « femme se livrant à la prostitution », « Gomer fille de Divlaïm », dont le nom n’est mentionné qu’à cet endroit, est suivi de la naissance de trois enfants (Osée 1,2-8), ce récit étant écrit à la troisième personne (« Il alla prendre Gomer… »). En revanche, dans le troisième chapitre, il est question d’aimer « une femme aimée par un autre, et se livrant à l’adultère », que le prophète doit racheter, ce qui laisse supposer qu’elle est esclave. Dans ce deuxième récit de mariage, loin de donner naissance à des enfants, le prophète, qui s’exprime ici à la première personne, demande à la femme une période d’abstinence sexuelle en signe de pénitence et de retour à Dieu.

Le deuxième chapitre du livre d’Osée, intercalé entre les deux récits, est encore plus énigmatique, car son style n’est pas celui du récit. En effet, sans transition avec ce qui précède et ce qui suit, il s’agit d’un discours prophétique dont l’énonciateur n’est pas indiqué, mais dont ont ne peut que supposer qu’il s’agit de Yahvé. Par conséquent, la femme à laquelle est adressée la prophétie au début du deuxième chapitre (Osée 2,4) ne semble pas être la femme d’Osée, mais la femme de Yahvé, à savoir le peuple d’Israël, comme cela apparaît de plus en plus explicitement au cours de ce deuxième chapitre :

Je ferai cesser toute sa joie [Celle de la « femme » mentionnée en Osée 2,4], ses fêtes, ses néoménies, ses sabbats, et toutes ses assemblées solennelles.

Osée 2,13 : ici, la femme du prophète ne peut pas être le sujet des assemblées solennelles, qui se rapportent au peuple

Pour sa part, le prêtre catholique Albert Gelin, déjà cité, plaide en faveur de deux versions d’un seul mariage avec une seule épouse : « Une deuxième question est celle de la suite des événements. Un certain nombre d’exégètes pense que les chapitres 1 et 3 nous livrent deux épisodes de la vie d’Osée, soit deux mariages successifs (saint Jérôme, Dom Calmet, Duhm, Buzy), soit un remariage avec Gomer (Nowack, Marti, A. Weiser). D’après ce dernier auteur, Gomer aurait été expulsée par son mari, par la suite de son inconduite, puis rachetée par lui. Mais un mari n’a pas à verser un mohar pour recouvrer sa femme (Juges 19,2-4 ; 2 Samuel 3,14). Il est donc préférable de voir en 1 et 3 deux narrations parallèles d’un même événement ; avec une insistance, en 3, sur des détails plus intimes » (Sous la direction de A. Robert et A. Feuillet, Introduction à la Bible. Tome I Introduction générale Ancien Testament, Tournai (Belgique), Desclée & Co., Nihil obstat 1959, p.495).

Ces diverses positions, avec leurs parts respectives d’arguments valables et de conjectures discutables, m’amènent à penser que les nombres de mariages et d’épouses doivent rester des questions ouvertes.

Le mariage mimé

Ensuite, les commentaires recèlent plusieurs tentatives d’atténuer le scandale de l’acte prophétique d’Osée, dont celle qui consiste à le comprendre comme un mime. C’est ce que propose la Bible d’étude évangélique, Version du Semeur, de 2022, aux pages 1362 et 1363. Le commentaire commence par remettre en cause l’identité des deux épouses : « Au chap. 3, il n’est pas dit que la femme que le prophète doit aimer est son épouse, Gomer », avant de conclure : « Outre ces problèmes exégétiques, les textes lus comme des récits biographiques posent un problème moral important », ce qui conduit l’auteur de l’introduction au livre d’Osée dans cette Bible du Semeur à suggérer l’interprétation suivante :

« Cet ensemble de considérations conduit certains à considérer que les deux actes d’Osée sont des mimes, à l’exemple des mimes produits par Jérémie et Ezéchiel (p. ex. Jr 13,1-7 ; Ez 3,22-5,17). Ecartons l’hypothèse d’une vision (les récits de vision chez les prophètes indiquent toujours que les choses se passent en visions), ainsi que l’hypothèse d’un langage symbolique sans réalisation (les impératifs impliquent que le prophète a fait quelque chose). Ainsi, en 1,2, on comprend qu’Osée doit prendre des acteurs : une femme prostituée, Gomer, qui jouera le rôle d’Israël, l’épouse de l’Eternel, tandis que le prophète jouera le rôle de l’Eternel, et des enfants de cette femme, qui joueront le rôle des trois enfants dont il est question par la suite et qui, dans le mime, naissent d’Osée et de Gomer et reçoivent des noms symboliques porteurs d’un message pour Israël. Puis, au chapitre 3, Osée prendrait une femme adultère comme actrice d’un nouveau mime. Il faut cependant reconnaître que le texte n’indique pas qu’il s’agisse de mimes. Ainsi, il est difficile de trancher entre la lecture réaliste des chapitres 1 à 3 et l’interprétation qui y voit des récits de mimes. »

A mon sens, en voulant éliminer le scandale moral des actes sexuels réels d’Osée avec Gomer, et de leurs véritables enfants, l’hypothèse des mimes aplatit complètement le message, en cherchant à nier d’un côté ce qu’il veut démontrer de l’autre.

Le mariage involontaire ou coupable

Une lecture subtile des trois premiers chapitres du livre d’Osée consiste à penser que le prophète a tiré sa prophétie de ses malheurs conjugaux avec une femme infidèle, ces derniers ayant été vécus avant que Yahvé ne révèle en ce « contre-exemple » concret une parabole de l’infidélité d’Israël. La Nouvelle édition de 1975 de la Bible de Louis Segond, avec les commentaires de C. I. Scofield, va dans ce sens : « La conduite adultère de la femme d’Osée le rendit conscient de l’abandon constant de Dieu par Israël. Ainsi l’expérience personnelle du prophète illustre celle du Seigneur et de son peuple » (p.969).

Edmond Jacob nous rend attentif à ce que cette lecture peut avoir de problématique : « Ces actions symboliques ont toute leur portée dans le fait qu’elles sont accomplies par des prophètes ; c’est pourquoi nous ne saurions admettre l’explication – psychologiquement et moralement fort satisfaisante, il faut le reconnaître – qui ne voit pas dans le mariage d’Osée un ordre de Dieu, mais une expérience humaine malheureuse transformée a posteriori en parole de Dieu » (précédemment cité, p.20). La compréhension extrême du Talmud, qui rend le prophète fautif et châtié par une épouse infidèle, tire les dernières conséquences de cette interprétation « psychologique » (voir la citation d’un résumé de la position du Talmud sur ce point, en bas de page, sous ma prédication sur Osée 1-3).

Le mariage Symbolique

Tel que discuté dans ma prédication sur Osée 1-3, La Bible annotée de 1889 plaide en faveur d’une lecture purement symbolique des événements, qui ne se seraient pas réellement produits. Samuel Amsler s’oppose à ce point de vue, selon lequel « notre récit se rapporterait simplement à une vision, […]. Mais la forme littéraire n’est pas celle du récit de vision. » (Samuel Amsler, Les actes des prophètes, Genève, Labor et Fides, 1985, p.22-23). En effet, les faits sont relatés comme réels, sous forme de narrations à la troisième puis à la première personne : le texte ne se présente pas comme une parabole que l’on raconte.

Le commentaire du prêtre catholique Albert Gelin, déjà cité, exprime un point de vue semblable : « Une première question qui se pose est celle de la réalité des événements. L’interprétation allégorique (Origène, Calvin, Van Hoonacker, 1908, Gressmann, 1910) est aujourd’hui [donc dans les années 1960] abandonnée, car il y a des traits dans ces récits qui ne peuvent être allégorisés : le nom de Gomer et de son père [contrairement à l’opinion de la Bible annotée et d’Edmond Jacob, voir ma prédication sur Osée 1-3], le fait qu’une fille soit à côté des deux garçons, le détail du prix d’achat (mohar) de la femme. La mentalité sémitique aime les symboles concrets et vécus ; nous avons de ces états symboliques chez Jérémie 16,1 (son célibat), et Ezéchiel 24,18 (son veuvage). » (Sous la direction de A. Robert et A. Feuillet, Introduction à la Bible. Tome I Introduction générale Ancien Testament, Tournai (Belgique), Desclée & Co., Nihil obstat 1959, p.495).

Conclusion

Ce parcours montre d’une part que les différentes Bibles d’étude évangéliques (Bible annotée, Vie Nouvelle, Semeur, Scofield) proposent des interprétations fort différentes des textes, en suivant soit la voie du littéralisme (Vie Nouvelle) soit celle de l’atténuation du scandale (autres versions), par pudeur. Le Talmud, pour sa part, manifeste une forte incompréhension de l’attitude du prophète, jugée coupable et immorale.

Les lectures de la théologie historico-critique, tant protestantes que catholique, en revanche, auxquelles je me rallie tout en cherchant à mettre en valeur le sens proprement théologique du texte, remettent en question l’historicité des faits non pour des raisons morales, mais en raison de la complexité littéraire du texte composite, qui rend impossible toute tentative d’harmonisation et de reconstruction historique des événements de la vie du prophète Osée. L’historien de l’Ancien Testament Thomas Römer offre la synthèse suivante, qui me semble résumer convenablement l’ensemble de la question :

« Os 1-3 est dominé par le thème de la femme infidèle, qui symbolise le comportement d’Israël face à Yhwh. On a longtemps interprété ces chapitres dans une perspective biographique, en considérant que le prophète était marié à une, voire à deux femmes adultères (cette dernière solution s’impose si l’on lit Os 1-3 comme un seul récit; mais il pourrait aussi s’agir de deux rapports sur la même affaire, comme le suggère notamment l’emploi de la 3e personne du singulier en Os 1 et de la 1re personne en Os 3). On a ainsi essayé de savoir si Osée avait épousé une prostituée (cultuelle), ou s’il avait seulement acheté les services d’une telle femme pour accomplir un acte symbolique. Ce débat, qui fut parfois très passionné, s’est actuellement estompé. De nombreuses études récentes comprennent Os 1-3 avant tout comme une création littéraire (Wacker, Vielhauer), comme une sorte de mise en abyme (abîme sans doute) de l’ensemble du livre. Le « jeu de passion » dont il est question résume d’une certaine manière l’alternance d’oracles de crise et de pardon qui caractérise Osée 4-14. » (Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (ed.), Introduction à l’Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 2015, p. 475).

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