Religion, sujet sensible !

La religion touche un point sensible de l’être humain. Je comprends que plusieurs personnes évitent d’aborder le sujet. Le sacré nous concerne de si près, qu’il y a une certaine pudeur à en parler. Les groupes religieux élaborent des codes pour se comprendre (des rituels, des textes sacrés, etc.), ce qui permet à leurs membres de s’envoyer mutuellement des signes de reconnaissance par lesquels ils se disent : « Tout va bien, je parle le même langage religieux que toi, nous sommes normaux, nous nous comprenons ».

Mais entre groupes religieux, l’échange est plus délicat. Les codes et les langues sont différents et les médiateurs ne courent pas les rues. Les récents attentats en France ne font que fragiliser un dialogue déjà critique. Même au sein du christianisme, prier n’a pas le même sens pour un catholique, un protestant ou un évangélique. Ils auront donc de la difficulté à prier ensemble sans générer des malentendus et des tensions.

L’illusion d’une religion neutre

Il n’existe pas de religion infiniment tolérante, qui serait ouverte à tout et qui n’aurait pas ses doctrines particulières. C’est une des raisons pour lesquelles plusieurs personnes préfèrent renoncer à toute appartenance et parfois à toute croyance religieuse. On entend fréquemment dire que les religions orientales – le bouddhisme notamment – n’ont pas de doctrines et qu’elles sont plus ouvertes, mais c’est une déformation de la réalité historique. Le bouddhisme comporte plusieurs courants de doctrines très sophistiquées et l’on trouve dans les grandes surfaces des livres entiers qui vulgarisent ces enseignements.

Dans le génome de chacune de nos cellules, tout le matériel génétique (ou presque) est à double, chaque lot provenant d’un de nos parents. On pourrait en dire autant des Evangiles, qui figurent en quatre exemplaires dans le Nouveau Testament, rédigés dans des milieux d’Eglise différents, avec des nuances importantes. Considérant que chaque personne a des sensibilités religieuses différentes, cette diversité permet à chacune et chacun de trouver les textes qui lui conviennent, plus développés chez Matthieu, plus bruts chez Marc, plus chronologiques chez Luc ou plus mystiques chez Jean. La religion étant un sujet sensible, bien des conflits peuvent être évités en acceptant cette diversité de points de vue, que l’on trouve ainsi exprimée déjà dans la Bible chrétienne.

Article paru initialement dans le Journal du Jura du 11 novembre 2020.

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