Cinq prédications pour décrypter le sens de la religion

Programme des cinq prédications

Un fil rouge réunit les différents thèmes des cinq cultes ordinaires que j’ai célébrés dans la paroisse de Rondchâtel entre août et octobre 2019. Au travers des textes bibliques du jour, les questions suivantes sont abordées :

Le christianisme est-il une « religion », ou ce mot « religion », qui ne figure pas dans la Bible, nous éloigne-t-il du sens de la foi chrétienne ?
En tant que protestants réformés, devons-nous nous comporter « religieusement » ou de manière « laïque » ?
La notion de « religion » ne restreint-elle pas l’influence du divin à un domaine trop spécifique de la vie humaine ?
Qu’est-il attendu de nous, au juste ?

« Mais, quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile, je [Paul] dis à Céphas [Pierre] devant tout le monde : “Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à se comporter en Juifs ?” » (Galates 2,14).

Culte du 25 août 2019 à Péry :
Notre attitude de chaque jour a-t-elle plus de valeur que notre participation au culte du dimanche matin ? (Jérémie 7,1-7)
Culte du samedi 7 septembre 2019 à 16h30 à Péry :
Qu’est-ce qu’une maladie spirituelle, et comment peut-on en guérir ? (Luc 14,1-14)
Culte du 22 septembre 2019 à Vauffelin :
La mission chrétienne est-elle une tâche religieuse ? (Luc 14,25-33)
Culte du 13 octobre 2019 à Vauffelin :
De quels dangers les Ecritures sont-elles censées nous prévenir ? (Luc 16,19-31)
Culte du 20 octobre 2019 à Orvin :
Que fait la religion confrontée à l’inaction de Dieu ? (Luc 17,5-10)

Je me tiens volontiers à disposition pour d’éventuelles demandes de sessions d’animation participatives en paroisse sur ces thématiques.


Culte du dimanche 25 août 2019 à Péry :
Notre attitude de chaque jour a-t-elle plus de valeur que notre participation au culte du dimanche matin ? (Jérémie 7,1-7)

Introduction

Imaginons deux définitions de la religion (il en existe un très grand nombre) :
1) La religion est une relation avec Dieu ou avec une réalité supérieure.
2) La religion est un ensemble d’actes sacrés (rites, célébrations, prières, etc.) réalisés dans des lieux sacrés (temples, synagogues, mosquées, etc.) par des personnes sacrées (prêtre, pasteur, pape, moine, imam, bonze, etc.) qui se basent sur des livres sacrés (Bible, Coran, etc.) transmis par une tradition sacrée (apostolat, rabbinat, etc.).

On voit bien que selon la définition que l’on choisit, les résultats ne seront pas les mêmes : la première définition est plus large que la seconde. Selon la première définition, un homme d’affaires qui tient compte de la volonté divine telle qu’il la perçoit dans la manière de gérer ses affaires financières est religieux, alors que selon la seconde définition, il ne l’est pas forcément.

Dans mes prédications, j’utiliserai le terme religion de manière assez intuitive, car il ne s’agit pas d’un cours de philosophie de la religion, mais de prédications qui cherchent à interpréter des textes bibliques.

Jérémie 7,1-7 – A la porte du temple, Jérémie désillusionne le peuple

1 La parole qui s’adressa à Jérémie de la part du SEIGNEUR :
2 Tiens-toi à la porte de la Maison du SEIGNEUR pour y clamer cette parole : Ecoutez la parole du SEIGNEUR, vous tous Judéens qui entrez par ces portes pour vous prosterner devant le SEIGNEUR.
3 Ainsi parle le SEIGNEUR de l’univers, le Dieu d’Israël : Améliorez votre conduite, votre manière d’agir, pour que je puisse habiter avec vous en ce lieu.
4 Ne vous bercez pas de paroles illusoires en répétant « Palais du SEIGNEUR ! Palais du SEIGNEUR ! Palais du SEIGNEUR ! Il est ici. »
5 Mais plutôt amendez sérieusement votre conduite, votre manière d’agir, en défendant activement le droit dans la vie sociale ;
6 n’exploitez pas l’immigré, l’orphelin et la veuve ; ne répandez pas du sang innocent en ce lieu ; ne courez pas, pour votre malheur, après d’autres dieux ;
7 je pourrai alors habiter avec vous en ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères depuis toujours et pour toujours.

ÉVANGILE de Luc 13,10-17 – Guérison d’une femme infirme un jour de sabbat

10 Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue un jour de sabbat.
11 Il y avait là une femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et ne pouvait pas se redresser complètement.
12 En la voyant, Jésus lui adressa la parole et lui dit : « Femme, te voilà libérée de ton infirmité. »
13 Il lui imposa les mains : aussitôt elle redevint droite et se mit à rendre gloire à Dieu. 14 Le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus ait fait une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler. C’est donc ces jours-là qu’il faut venir pour vous faire guérir, et pas le jour du sabbat. »
15 Le Seigneur lui répondit : « Esprits pervertis, est-ce que le jour du sabbat chacun de vous ne détache pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ?
16 Et cette femme, fille d’Abraham, que Satan a liée voici dix-huit ans, n’est-ce pas le jour du sabbat qu’il fallait la détacher de ce lien ? »
17 A ces paroles, tous ses adversaires étaient couverts de honte, et toute la foule se réjouissait de toutes les merveilles qu’il faisait.

Prédication

Savoir si le christianisme, ou la foi chrétienne, constitue une « religion » ou non est une des questions les plus importantes à nous poser aujourd’hui. En effet, l’application de ce terme – religion – à notre foi, est une des importantes sources de doute et de désintérêt pour l’Evangile. Nous préférerions être chrétiens sans avoir besoin d’être religieux.

Dès lors, si nous abandonnons le terme « religion » pour définir la foi chrétienne, nous sommes saisis d’un grand vertige : Mais alors, si ce n’est pas (ou pas exactement) une « religion », de quoi s’agit-il ? On le voit, écarter la notion habituelle de « religion » nous conduit à nous poser de bonnes questions à propos de la nature de notre foi.

Pour ce premier culte d’une série de cinq autour de ce thème, j’ai formulé la question suivante : « Notre attitude de chaque jour a-t-elle plus de valeur que notre participation au culte du dimanche matin ? ». En bonne tradition réformée, la réponse ne se fait pas attendre : le culte est un moment unique, privilégié dans la semaine, que le croyant vit en communion avec Dieu, à l’écoute de sa Parole, en présence de ses frères et sœurs. L’importance du reste de la semaine semble seconde, pour ne pas dire secondaire, étant donné qu’elle n’est pas vécue si intensément dans la présence de Dieu et de sa Parole.

Or, le diagnostic du prophète Jérémie sur le comportement des Judéens bat en brèche cette priorité du culte. Placé à la porte de la Maison du Seigneur, le prophète s’adresse ainsi (7,4-6) au peuple entrant pour s’y prosterner : « Ne vous bercez pas de paroles illusoires en répétant « Palais du Seigneur ! Palais du Seigneur ! Il est ici. » Mais plutôt amendez sérieusement votre conduite, votre manière d’agir, en défendant activement le droit dans la vie sociale ; n’exploitez pas l’immigré, l’orphelin et la veuve, etc. ».

Il est frappant de constater à quel point la parole de Jérémie, expressément adressée « de la part du Seigneur », accorde à la qualité de la vie quotidienne une importance clé, capable de rendre le culte illusoire, si le peuple n’améliore pas sa conduite. Selon ce prophète, le culte n’a de sens que pour des personnes qui en sont dignes par leur conduite dans la vie de tous les jours. Sa position renverse la vieille idée confortable selon laquelle on pèche la semaine, puis on se rend au culte le dimanche matin pour y recevoir le pardon.

Nous aboutissons ainsi à un paradoxe : selon cet auteur biblique, les exigences éthiques de la vie laïque semblent intéresser Dieu tout autant (si ce n’est davantage) que la fréquentation du culte, moment religieux par excellence. La Parole de Dieu ne concerne pas uniquement les gestes spécifiquement religieux, mais l’ensemble de la vie humaine. En d’autres termes, c’est la vie entière qui est sacrée, et pas uniquement le culte au temple.

Jésus ne témoigne pas d’autre chose que Jérémie. Il s’emploie tous les jours de sa vie à propager l’Evangile, y compris le sabbat ; non seulement à la synagogue, mais en tous lieux, même au-delà d’Israël, dans les territoires païens. Selon Jésus, le règne de Dieu excède largement la sphère spécifiquement religieuse de l’existence humaine, et se répand à tous les domaines qui nous concernent. Ses discours variés en témoignent : Ils traitent de vie intime, de relations familiales, de guérison, de handicap, d’intégration sociale, d’argent, de politique, de paix et de violence, de racisme, de rapports à la nature, … inscrivant toute réalité humaine dans la présence libératrice et dynamisante de Dieu. Pour Jésus, « mêmes [nos] cheveux sont tous comptés » (Mt 10,30) : chaque détail de la vie humaine a sa pleine valeur, quel que soit son rapport ou non avec ce que nous désignons habituellement comme « religieux » ou « laïque ».

Plus profondément, il en ressort que la relation intime avec Dieu, la foi, que Jésus revendique comme la valeur la plus précieuse et la plus unifiante de sa vie, ne relève pas uniquement de ce que nous attribuons à la sphère du religieux. La foi en l’Evangile est intrinsèquement laïque et religieuse, comme en témoigne également le texte de ce jour, la guérison d’une femme infirme dans une synagogue un jour de sabbat (Luc 13,10-17).

L’orientation de Jésus est plus subtile que celle du prophète Jérémie, qui se préoccupait avant tout d’éthique, c’est-à-dire du comportement visible ; tandis que Jésus est aussi un psychologue. Il ne considère pas seulement les actes humains, mais aussi les pensées et les émotions qui en sont à l’origine. Son intérêt pour l’intériorité psychique apparait avec force dans le Sermon sur la Montagne, lorsqu’il affirme que « quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l’adultère avec elle » (Mt 5,28). Jésus s’intéresse à ce qui se passe dans le cœur, avant même les actes qui en résultent.

Dans le récit qui nous concerne, Jésus agit dans une synagogue, donc dans un lieu religieux juif. Pourtant, même dans ce cas, l’ensemble du texte montre que l’intérêt le plus profond de Jésus – guérir une femme infirme – n’est pas compatible avec l’intérêt des chefs religieux du lieu. Ces derniers exigent le stricte respect rituel du sabbat, selon leur religion ; et Jésus les traite d’« esprits pervertis » en raison de leur manque total de compassion pour la souffrance de cette femme. Ces situations dans lesquelles Jésus s’oppose aux chefs religieux, fréquentes dans les Evangiles, font dire à certains théologiens que Jésus n’était absolument pas religieux, et que sa foi laïque, incompatible avec toute forme de religion, l’a mené à la croix.

Il est vrai que Jésus se comportait de façon très laïque, faisant peu de différence entre les personnes croyantes et incroyantes. Dans ses déplacements, il accordait une importance centrale à la rencontre des gens, aussi hors de tout cadre religieux. Comme l’illustre bien le texte de Luc, il se souciait avant tout de l’estime de soi des personnes. La position de la femme « courbée », « qui ne peut se redresser complètement », symbolise son humiliation, sa peur d’être jugée, voire sa honte qui lui empêche de relever la tête. En lui imposant les mains, Jésus permet à cette femme de « redevenir droite » et de « rendre gloire à Dieu ». Au cœur de cette expérience transformatrice, on a l’impression que la foi de Jésus se transmet à cette femme qui, en ouvrant son cœur à Dieu, retrouve l’estime d’elle-même, ce qui lui permet de se redresser et de louer Dieu. La libération psychologique et la révélation divine sont les deux composantes de cette découverte de la foi. Si on appelle « religieux » le rapport espérant en Dieu, et « laïque » le rapport guérissant à l’humain, on peut affirmer que dans l’activité de Jésus, l’aspect religieux et l’aspect laïque sont inséparables et ne forment qu’une seule réalité. La séparation entre la religion et le domaine séculier est complètement dépassée. Nous pouvons donc dire que Jésus crée une nouvelle réalité de la vie humaine, qui dépasse les frontières de la religion et de la laïcité.

Au travers de son appel à la foi, Jésus cherche à reconstruire l’estime de soi des personnes humiliées, rejetées ou méprisées. Une fois que la valeur que ces personnes attribuent à leur propre existence est restaurée, Jésus sait qu’elles vont se mettre en marche d’elles-mêmes. La foi chrétienne est à la fois une confiance en soi et en Dieu, les deux étant étroitement fusionnés dans la dynamique transformatrice de l’Esprit Saint. C’est cette réalité inédite que l’apôtre Paul appelle l’« être nouveau en Christ » dans ses épîtres. Cette réalité ayant une dimension communautaire, le sens du culte n’est pas entièrement dépassé, mais ce dernier s’intègre dans l’ensemble de la vie sans en dévaloriser aucune expérience. Amen.

Résumé de la prédication

L’affirmation traditionnelle selon laquelle le culte du dimanche matin (ou d’un autre jour) constitue le moment hebdomadaire privilégié, lors duquel le croyant rencontre sa communauté et son Dieu, est remise en question tant par les spiritualités individualistes occidentales d’inspiration chrétienne que bouddhiste, qui privilégient l’idée selon laquelle la vie entière est sacrée, dans chacun de ses plus infimes moments. Cette mystique moderne s’est imposée à l’encontre de toute priorité accordée à quelque rituel que ce soit. Le caractère sacré de la vie entière est d’ailleurs déjà fortement affirmé par Jésus et Paul dans le Nouveau Testament, qui ne renient pas pour autant le caractère éminemment communautaire de la foi.

Culte du samedi 7 septembre 2019 à 16h30 à Péry :
Qu’est-ce qu’une maladie spirituelle,
et comment peut-on en guérir ? (Luc 14,1-14)

iNTRODUCTION

Parler des « maladies spirituelles » est un sujet assez délicat, qui touche de près à nos sensibilités. Dans cette deuxième prédication de la série annoncée sur ma page Facebook, je retiens trois voies bibliques qui nous conduisent de la « maladie » à la guérison: Le chemin de l’incrédulité vers la foi; le chemin de la vie « selon la chair » à la vie selon l’Esprit (terminologie de l’apôtre Paul); le chemin de l’orgueil vers l’humilité. Je décris ces chemins spirituels concomitants, en précisant que la vie nous conduit à les parcourir d’innombrables fois, en remettant à chaque fois « l’ouvrage sur le métier ».

Esaïe 57,15-18 – Prochaines compassions du Seigneur

15Car ainsi parle celui qui est haut et élevé,
qui demeure en perpétuité et dont le nom est saint :
Haut placé et saint je demeure,
tout en étant avec celui qui est broyé
et qui en son esprit se sent rabaissé,
pour rendre vie à l’esprit des gens rabaissés,
pour rendre vie au cœur des gens broyés.
16Ce n’est pas pour toujours que je querellerai,
ce n’est pas en permanence que je m’irriterai,
car devant moi dépériraient le souffle
et les êtres animés que j’ai faits.
17Par la perversité de sa rapine, j’ai été irrité,
je l’ai frappé, en me détournant ; j’étais irrité :
il allait, rétif, suivant le chemin de son cœur ;
18ses chemins, je les ai vus !
Cependant je le guérirai, je le guiderai,
je lui prodiguerai réconfort, à lui et à ses endeuillés,

Epître aux Hébreux 13,1-6 – Abrégé d’éthique chrétienne

1Que l’amour fraternel demeure.
2N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges.
3Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez prisonniers avec eux, de ceux qui sont maltraités, puisque vous aussi, vous avez un corps.
4Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal sans souillure, car les débauchés et les adultères, Dieu les jugera.
5Que l’amour de l’argent n’inspire pas votre conduite ; contentez-vous de ce que vous avez, car le Seigneur lui-même a dit : Non, je ne te lâcherai pas, je ne t’abandonnerai pas !
6Si bien qu’en toute assurance nous pouvons dire : Le Seigneur est mon secours,
je ne craindrai rien ; que peut me faire un homme ?

ÉVANGILE de Luc 14,7-11 – Choisir la dernière place

7Jésus dit aux invités une parabole, parce qu’il remarquait qu’ils choisissaient les premières places ; il leur dit :
8« Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, de peur qu’on ait invité quelqu’un de plus important que toi,
9et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire : “Cède-lui la place” ; alors tu irais tout confus prendre la dernière place.
10Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place, afin qu’à son arrivée celui qui t’a invité te dise : “Mon ami, avance plus haut.” Alors ce sera pour toi un honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi.
11Car tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé. »

PREDICATION

Lorsque je m’interroge au sujet des maladies spirituelles, je touche aux points sensibles de ma personne. Je préférerais peut-être ne pas en parler, et ne pas y penser. Si seulement il suffisait d’éviter d’aborder ce qui ne va pas bien, pour que le mal soit résolu.

Il m’arrive de rester assez en surface, je me rassure que tout va bien, je fuis dans de multiples activités ; et à d’autres moments, au contraire, je broie du noir, je ressasse sans cesse dans ma tête les mêmes problèmes, dont je n’arrive pas à me défaire.

Suis-je une exception ? Les autres sont-ils moins vulnérables que moi, plus forts pour supporter les contrariétés de la vie ? Peut-être parviennent-ils mieux que moi à cacher leurs points faibles ? Il me semble que mon malaise est toujours visible par tout le monde. Je suis de nature plutôt renfermée. Je me souviens qu’enfant, j’étais assez timide.

Existe-t-il un moyen de guérir, de se sentir mieux dans son corps, d’être plus à l’aise dans ses basquettes, d’être plus au clair avec soi-même ? J’ai déjà essayé plusieurs techniques, mais aucune, à elle seule, ne semble être la solution à mes questions.

Lorsque j’étais plus jeune, j’ai passé par une phase religieuse très intense. La lecture de la Bible m’a permis de trouver un sens à mon existence. Mais aujourd’hui, je dois constater que certaines de mes difficultés les plus tenaces n’ont pas disparu. Devenu croyant, je suis resté le même, et certaines des difficultés que je croyais avoir enterrées sont revenues par la petite porte. La foi chrétienne ne guérit pas de tout, mais elle nous aide, c’est certain.

J’ai constaté que les protestants évangéliques parlent fréquemment de guérison, en insistant sur la puissance miraculeuse de Jésus, tandis que les protestants réformés, à l’inverse, ne parlent presque jamais de guérison spirituelle. Je trouve qu’un équilibre devrait être trouvé entre les deux attitudes, entre le tout et le rien.

Dans les textes de la Bible, les maladies spirituelles ne sont pour ainsi dire jamais présentées indépendamment du sentier qui mène à leur guérison. La vie croyante tout entière est parfois décrite comme un chemin qui conduit de la maladie à la santé spirituelle. Pour rendre ce chemin plus explicite, les auteurs bibliques décrivent trois grandes voies de passage de la maladie à la guérison : Tout d’abord, le passage de l’incrédulité à la foi ; ensuite, le passage de la vie charnelle à la vie selon l’Esprit, que l’on trouve surtout dans les textes de l’apôtre Paul ; enfin le passage de l’orgueil à l’humilité. Les textes bibliques que nous avons lus aujourd’hui mentionnent ces trois voies.

Je ne réduis pourtant pas ma vie à ces trois seules voies de guérison. L’être humain est si complexe qu’aucune approche ne suffit à le décrire. Lorsque l’on aborde ces sujets en Eglise, j’entends parfois des gens protester contre l’emploi de mots tels qu’incrédulité, chair ou orgueil, qu’ils jugent potentiellement culpabilisants. Il est vrai que bien loin de guérir, ces mots peuvent piéger certaines personnes dans leurs écueils spirituels.

Je trouve personnellement que ces mots peuvent être instructifs lorsqu’ils sont présentés avec leur contrepartie positive : la foi, l’Esprit et l’humilité. Un peu comme le diagnostic d’un médecin, ils peuvent nous aider à identifier la cause et la nature de nos difficultés.

Au cours de l’histoire de l’Eglise, les théologiens ont beaucoup débattu pour savoir laquelle de ces trois sources du mal – l’incrédulité, la chair ou l’orgueil – est la plus importante, à l’origine des deux autres. Le débat a souvent porté sur le récit de la Genèse : Après avoir goûté de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Adam et Eve sont chassés du paradis. S’opposant à la tradition catholique, les protestants ont toujours refusé de considérer leur faute comme charnelle, ce qui lierait la sexualité à quelque chose de mal. Ils y voient plutôt une manifestation d’orgueil, l’homme voulant maîtriser le bien et mal, c’est-à-dire tous les aspects délicats de son existence, indépendamment de Dieu.

J’estime personnellement qu’il est bien possible que l’orgueil soit la maladie spirituelle la plus profonde qui soit, à la racine de toutes les autres, car il est très difficile de s’en défaire. Nous avons tous notre amour propre facilement blessé. Dans le texte de l’Evangile lu ce matin, Jésus constate que les invités choisissent les premières places. Ils sont dominés par leur besoin de reconnaissance, et espèrent qu’on leur attribue une fonction importante. Mais leur fierté produit l’effet contraire : On risque de leur demander d’occuper une place secondaire, ce qui renforcera leur manque de reconnaissance.

L’humilité, ou plutôt la voie de sortie de la vanité, est donc liée à une meilleure confiance en soi, qui diminue l’intensité de notre besoin de reconnaissance. Lorsque je suis moins dépendant du regard des autres, je gagne en autonomie et en satisfaction personnelle. Contrairement à une idée répandue, l’humilité est donc tout le contraire de la timidité.

Parmi les trois voies de guérison, j’ai toujours apprécié celle qui chemine de l’incrédulité vers la foi. Sa méditation a souvent été pour moi une manière de retrouver l’enthousiasme pour la vie. Je décris l’incrédulité comme une résistance intérieure, parfois très dure, qui m’empêche de me mettre en mouvement, de m’embarquer dans la vie de la foi.

J’ai souvent constaté que lorsque je manque de foi, c’est un peu comme si je perdais toute espérance en la vie. Il ne s’agit pas seulement de Dieu : Le dynamisme de ma vie entière se trouve enrayé par l’incrédulité. Il me semble impossible de vivre sans croire, c’est-à-dire sans faire confiance au sens du chemin de ma vie. Croire me permet de comprendre les épreuves de ma vie comme une sorte de gigantesque formation spirituelle orchestrée par le divin créateur. Mais je sais aussi que la souffrance peut m’amener à douter. Le texte du prophète Esaïe lu ce matin parle de « rendre vie au cœur des gens broyés ». Cette vie broyée évoque à mes yeux la dépression, qui envahit parfois mon monde intérieur.

J’ai plus de réticences à parler de la chair et de l’Esprit, ce sujet étant presque un tabou dans le monde réformé. La vie « selon la chair » peut être définie comme une vie dominée par des tensions émotionnelles de toute sorte, comme la colère, la rancune, la jalousie, la susceptibilité, l’angoisse, l’esprit de dispute, mais aussi toutes les formes de dépendances, pas uniquement sexuelles, mais aussi vis-à-vis de l’argent, comme le mentionne le texte de l’épître aux Hébreux lu ce matin. La vie de l’Esprit, vers laquelle l’apôtre Paul nous invite à tendre, consiste au contraire en sérénité, dynamisme vital, sagesse, amour et joie.

Au cours des années, mon chemin de vie m’a conduit plusieurs fois de suite de l’incrédulité à la foi, de la chair à l’Esprit, de la vanité à l’humilité. Il ne s’agit pas de passages uniques, et je ne peux pas dire laquelle de ces trois voies prédomine en moi. Elles forment un tout. En observant comment les pensées et les émotions se combinent dans mon esprit, j’ai peu à peu appris à parcourir plus rapidement ces chemins du trouble à la guérison. Je sais que sur terre, il n’existe pas de guérison définitive. Le travail intérieur est toujours à remettre sur le métier. C’est à cela que sert la méditation quotidienne. Chaque jour, du matin au soir, j’apprends à veiller sur mes pensées, à conserver la sérénité, à vivre dans la joie et l’espérance plutôt que dans le pessimisme. Ma vie entière est un exercice spirituel, un chemin intérieur de maturation spirituelle. Amen.

Culte du dimanche 22 septembre 2019 à 10h00 à Vauffelin :
La mission chrétienne est-elle une tâche religieuse ?
(Luc 14,25-33)

Ezéchiel 2,1-7 – L’envoi en mission

1Elle me dit : « Fils d’homme, tiens-toi debout car je vais te parler. »
2Après qu’elle m’eut parlé, un esprit vint en moi ; il me fit tenir debout ; alors j’entendis celui qui me parlait.
3Il me dit : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers des gens révoltés, des gens qui se sont révoltés contre moi, eux et leurs pères, jusqu’à aujourd’hui.
4Ces fils au visage obstiné et au cœur endurci, je t’envoie vers eux ; tu leur diras : “Ainsi parle le Seigneur DIEU.”
5Alors, qu’ils t’écoutent ou ne t’écoutent pas – car c’est une engeance de rebelles –, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux.
6Ecoute, fils d’homme, n’aie pas peur d’eux et n’aie pas peur de leurs paroles ; tu es au milieu de contradicteurs et d’épines, et tu es assis sur des scorpions ; n’aie pas peur de leurs paroles et ne t’effraie pas de leurs visages, car c’est une engeance de rebelles.
7Tu leur diras mes paroles, qu’ils t’écoutent ou qu’ils ne t’écoutent pas : ce sont des rebelles.

Évangile de Luc 14,25-33 – Renoncer à tout pour suivre Jésus

25De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
26« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
27Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite ne peut pas être mon disciple.
28« En effet, lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
29Autrement, s’il pose les fondations sans pouvoir terminer, tous ceux qui le verront se mettront à se moquer de lui
30et diront : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et qui n’a pas pu terminer !”
31« Ou quel roi, quand il part faire la guerre à un autre roi, ne commence par s’asseoir pour considérer s’il est capable, avec dix mille hommes, d’affronter celui qui marche contre lui avec vingt mille ?
32Sinon, pendant que l’autre est encore loin, il envoie une ambassade et demande à faire la paix.
33« De la même façon, quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple.

Prédication

Qu’est-ce que la mission chrétienne ? Est-ce la promotion d’activités religieuses (cultes, catéchismes, prières, etc.) ou est-ce quelque chose de beaucoup plus vaste que cela, qui concerne tous les aspects de la vie humaine ?

J’opte plutôt pour cette seconde option, car elle me paraît plus libératrice et plus apte à unifier ma vie, à éviter que je m’éparpille en mille préoccupations et à m’aider à trouver un sens à chaque instant de ma vie qui passe de la naissance à la mort.

Oui, si Dieu est mon Dieu, il ne l’est pas seulement le dimanche matin, mais toute la semaine, et par conséquent, la mission chrétienne concerne chaque instant et chaque domaine de ma vie, mes priorités, mes loisirs, mes amours, mes soucis, mes finances.

Oui, Dieu est Dieu pour toutes choses, ou il n’est rien ! On pourrait dire que le Dieu de la religion chrétienne projette sa lumière sur tous les aspects de la vie, il éclaire les moindres recoins de ma conscience et de mon inconscient pour en dépister les abcès et les maladies. Il m’aide à faire paraître ce qui est sombre et obscur en pleine lumière.

Je pense que Dieu n’est pas spécialement religieux, il est Universel, il est donc à la fois le Dieu de la nature et de l’esprit, le Dieu du monde religieux et le Dieu du monde profane ou laïc. Il ne privilégie pas le spirituel par rapport au matériel – l’âme par rapport au corps – mais il accorde son importance à chaque dimension et à chaque événement de notre vie.

Mais maintenant, bien sûr, surgit une question : De ce fameux Dieu universel, Présent partout et en tous à la fois, qui parlera aux autres, et quelle sera la bonne manière d’en parler ? C’est là que la religion ressuscite de ses cendres et retrouve toute sa fonction !

Selon le message de la Bible, ce Dieu présent en toutes choses n’a pas parlé dans tous les sens et partout à fois dans l’histoire. Il s’est choisi un peuple particulier, et parmi ce peuple particulier, il a encore choisi des prophètes et des apôtres pour annoncer sa Parole.

Voilà qui nous pose un sacré problème ! Parce que si nous souhaitons que ce Dieu d’amour, de force et de sagesse soit connu de tous, ou du plus grand nombre, il nous faut mettre sur pied un canal, ou plusieurs canaux dans la société qui le font connaître.

Les canaux traditionnels que sont le culte et la lecture de la Bible semblent délaissés de nos jours, du moins en Europe. Et nous nous demandons si l’Eglise, c’est-à-dire le canal de la Parole de Dieu par excellence, ne devrait pas faire peau neuve, et sortir de son carcan religieux – notamment au niveau paroissial – pour se faire entendre à plus de gens ?

Le Dieu de tous ne parle pas par tous, mais par certains témoins chargés de transmettre sa Parole aux autres. C’est ici que le bât blesse. En effet, certains prédicateurs sont accusés de mal transmettre cette Parole, et de rendre les autres captifs de leur pouvoir religieux.

Ainsi fait surface le thème de la révolte fortement mis en valeur par le texte du prophète Ezéchiel (Ez 2,1-7). La Parole de Dieu proclamée suscite des réactions très positives et d’autres très négatives. Et nous devons nous demander pourquoi ?

Eh bien, justement parce que cette parole dépasse le thème spécifique de la religion, et concerne nos attitudes, nos pensées, nos volontés les plus intimes ! Cette Parole de Dieu nous touche de plein fouet, et parfois nous révolte, tant elle nous dérange, tant elle nous semble à la fois vraie et fausse, violente et douce, libératrice et culpabilisante, claire et incompréhensible, virtuose et maladroite, triste et joyeuse.

Il arrive que nous réagissions très violement à cette Parole, et ce n’est pas sans raison que les religions sont considérées comme une des plus importantes sources de guerres dans le monde. La parole divine touche directement le fond du cœur humain, avec ses blessures.

Pourquoi dont disons-nous que le Dieu chrétien s’est révélé à la Croix, au travers de la condamnation à mort par crucifixion du Fils de Dieu ? Eh bien, précisément parce que le Dieu de l’Univers vient nous toucher à l’endroit le plus sensible de notre être. Il vient nous rejoindre dans notre humanité meurtrie et révoltée. Il vient nous arracher à la mort pour la vie en prenant sur lui notre mort, en souffrant avec nous et pour nous, lui le Dieu éternel.

Ainsi la messe est dite, diraient nos confrères catholiques ! Le pivot de la foi chrétienne est en effet ancré dans ce Moment où la vie devient mort et la mort devient vie. Lors de ce moment éternel où tout s’inverse, le pécheur est rendu juste devant Dieu.

Je ne parviens pas à dire si ce moment est religieux ou non : il est les deux à la fois ! Il concerne tout autant le Dieu vivant et ma propre vie, réunis en Jésus-Christ. Toujours est-il que ce moment qui m’attache au Christ est revendiqué par la foi chrétienne comme étant plus important pour moi que toutes les autres relations humaines de ma vie.

Ici se produit un de ces grands conflits de priorité de la foi qui suscitent tantôt l’adhésion ou le refus, l’obéissance ou la révolte. Selon la parole d’Evangile de ce matin, « si quelqu’un vient à moi [Jésus] sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple » (Lc 14,26).

Quelle est la raison d’être de cette parole si exigeante, si excluante, si frustrante, qui semble nous demander de couper les ponts avec toute notre famille ? N’est-ce pas avec de telles paroles que la religion chrétienne s’est fait détester pour son étroitesse d’esprit ? Ici, la religion ne semble-t-elle pas exclure tout le reste et s’enfermer dans son ghetto ?

Il y a tout de même un indice dans ce texte qui nous montre qu’il n’en est rien : comment pourrions-nous préférer quelque chose d’autre à notre propre vie, comme nous le demandent ces paroles de Jésus ? Cette exigence fait éclater toutes nos logiques humaines.

Ce qu’il est censé de préférer à toutes nos relations humaines, y compris familiales, et à nous-mêmes, c’est la relation à ce Dieu de Jésus-Christ qui renouvelle tous les aspects de notre existence. Il ne s’agit pas de refuser le contact avec nos proches, mais de bien nous rendre compte que rien au monde – ne serait-ce tout l’amour des hommes et toutes leurs richesses – rien ne peut rivaliser une seule seconde avec cette relation à Dieu qui devient notre vie entière, au point qu’il nous est possible de la préférer à notre indépendance.

La relation à Dieu, solide et profonde, ne nous coupe pas de nos proches, mais elle restitue au contraire une sereine relation avec eux, nous évitant de devenir dépendants de ces personnes autant limitées que nous. Tout se passe comme si, pour bien aimer, il était nécessaire de savoir quitter, avec cette confiance infinie en la présence divine.

Qu’est-ce donc que la mission chrétienne ? Notre question de départ. Nous l’avons dit, il s’agit tout d’abord de trouver un canal pour la Parole divine, de « préparer le chemin du Seigneur » (Mt 3,3), mais ensuite, cette Parole reçue se diffuse dans toutes les sphères de la société, tant séculières que religieuses, comme la lumière blanche à travers un prisme.

On ne peut donc exclure aucun domaine hors de l’influence de l’Evangile : de la vie intime à la vie politique, de la vie professionnelle à l’économie globale, de la santé individuelle à la santé globale de la planète, tout est concerné par la Parole du Christ. Amen.

Résumé de la prédication

Un Dieu universel ne peut avoir la religion et l’Eglise comme seuls points de mire. C’est l’ensemble de la réalité, le monde entier et l’humanité entière, qui le concerne et est concerné par lui. Quel est dès lors l’objet de la mission chrétienne ?
J’affirme ici que « le Dieu de tous ne parle pas partout et par tous ». Selon la tradition biblique, Dieu s’est choisi un peuple, puis des hommes particuliers dans ce peuple, pour communiquer sa Parole. Cette sélection est l’objet de nombreux conflits quant à la légitimité de cette Parole divine qui nous touche au plus profond de nous-mêmes, dans la mesure où justement, elle concerne tous les aspects de notre existence.

Culte du dimanche 13 octobre 2019 à Vauffelin :
De quels dangers les Écritures sont-elles censées nous prévenir ? (Luc 16,19-31)

Première épître à Timothée 6,17-19 – Conseils aux riches

17Aux riches de ce monde-ci, ordonne de ne pas s’enorgueillir et de ne pas mettre leur espoir dans une richesse incertaine, mais en Dieu, lui qui nous dispense tous les biens en abondance, pour que nous en jouissions.
18Qu’ils fassent le bien, s’enrichissent de belles œuvres, donnent avec largesse, partagent avec les autres.
19Ainsi amasseront-ils pour eux-mêmes un bel et solide trésor pour l’avenir, afin d’obtenir la vie véritable.

Evangile de Luc 16,19-31 – Parabole du riche et de Lazare

19« Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de linge fin et qui faisait chaque jour de brillants festins.
20Un pauvre du nom de Lazare gisait couvert d’ulcères au porche de sa demeure.
21Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses ulcères.
22« Or le pauvre mourut et fut emporté par les anges au côté d’Abraham ; le riche mourut aussi et fut enterré.
23Au séjour des morts, comme il était à la torture, il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare à ses côtés.
24Alors il s’écria : “Abraham, mon père, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre le supplice dans ces flammes.”
25Abraham lui dit : “Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu ton bonheur durant ta vie, comme Lazare le malheur ; et maintenant il trouve ici la consolation, et toi la souffrance.
26De plus, entre vous et nous, il a été disposé un grand abîme pour que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le puissent pas et que, de là non plus, on ne traverse pas vers nous.”
27« Le riche dit : “Je te prie alors, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père,
28car j’ai cinq frères. Qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture.”
29Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent.”
30L’autre reprit : “Non, Abraham, mon père, mais si quelqu’un vient à eux de chez les morts, ils se convertiront.”
31Abraham lui dit : “S’ils n’écoutent pas Moïse, ni les prophètes, même si quelqu’un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus.” »

Prédication

On se demande quelle mouche a piqué Jésus, d’habitude si doux, si gentil, pour qu’il nous raconte cette histoire de riche en enfer (Luc 16,19-31). Il s’agit assurément d’un texte prophétique. Par sa violence, sa provocation, il est destiné à nous interpeller, voire à nous choquer, pour tester notre indifférence aux injustices et raviver notre soif de justice.

Le plus surprenant dans ce récit, c’est qu’il contredit l’enseignement habituel de Jésus sur plusieurs points (notamment aux versets 23 à 25). Tout d’abord, il est rare que Jésus insiste aussi fortement sur l’enfer, et même sur la torture que les réprouvés subiront.

L’élément le plus étranger à sa doctrine est la parfaite rétribution dans l’au-delà de la condition vécue sur terre. Celles et ceux qui ont vécu égoïstement dans les richesses le payent par l’enfer, et celles et ceux qui ont souffert la pauvreté gagnent le paradis. On peut se demander si c’est la richesse elle-même qui est condamnée, ou l’égoïsme des riches ?

Une telle doctrine de la rétribution est plus proche de l’hindouisme et du bouddhisme que de la foi protestante, qui met en avant le salut par la grâce, le pardon des péchés. Selon la roue du karma, les réincarnations successives améliorent ou péjorent la condition des humains au cours de leurs nombreuses vies terrestres successives.

Ces contradictions avec l’enseignement évangélique portent à penser qu’une partie au moins de cette histoire est une fiction, à laquelle Jésus lui-même ne croit pas. Encore une fois, le but du texte est de provoquer la prise de conscience de la souffrance des pauvres. Il est donc possible d’interpréter symboliquement certaines données du récit.

Lorsque Jésus nous dit que le riche « souffre le supplice », on peut comprendre qu’ayant réalisé au ciel la gravité de son comportement terrestre, le riche est tourmenté par les remords. La vision de l’éternité lui a fait prendre conscience de sa misère. Ayant devant ses yeux sa vie passée, il réalise combien de fois il a été ingrat. Son égoïsme, qui lui paraissait normal sur terre (car tout le monde fait de même), lui apparait maintenant scandaleux. Nous pourrions dire que c’est le riche lui-même qui s’inflige ces souffrances.

Autre exemple, le « grand abîme » infranchissable qui sépare le riche et Lazare au ciel signifie qu’il sera trop tard après la mort pour se rattraper, pour crier au secours ou pour avertir ses proches de changer d’attitude. Le mal qui est fait est fait, et on ne peut plus le réparer. Le texte insiste donc sur notre responsabilité de nos actes d’aujourd’hui ! Alors même que Dieu nous fait grâce, il serait abusif d’en déduire que le bien et le mal que nous accomplissons sur la terre est insignifiant, car Dieu réparera toutes choses en son temps.

Il est intéressant d’observer que le riche tourmenté demande deux fois à Abraham (il peut donc encore lui parler) d’envoyer Lazare : une première fois pour apaiser ses souffrances, puis, comprenant que c’est impossible, une seconde fois pour avertir sa famille. L’histoire souligne donc à quel point le riche peut avoir besoin du pauvre, alors qu’il l’ignore. Un grand renversement peut toujours advenir, et celui qui se croit fort est en définitive celui qui a le plus besoin du faible, parce que les richesses terrestres – matérielles, culturelles ou intellectuelles – sont toujours éphémères, et Dieu peut abaisser ou élever qui il veut.

Venons-en maintenant au message central du texte, que nous avons déjà esquissé, et qui confirme le caractère symbolique du dialogue entre le riche au séjour des morts et Abraham. Lorsque le riche demande à Abraham d’« envoyer Lazare dans la maison de son père », afin « qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture », la réponse qu’Abraham lui adresse peut sembler surprenante : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’il les écoutent ». Et lorsque le riche insiste une seconde fois, prétextant que sa famille écoutera davantage un tel revenant que la parole des Ecritures, Abraham répond par une négation qui conclut le texte : « S’ils n’écoutent pas Moïse, ni les prophètes, même si quelqu’un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus ».

Dans la pensée juive, « Moïse et les prophètes » désignent la plus grande partie de l’Ancien Testament, la Torah et les livres prophétiques. En bref, la réponse d’Abraham signifie donc ceci : Envoyer des ressuscités sur terre pour avertir les hommes du jugement de l’au-delà, en espérant qu’ils se convertissent, ne changera rien ! Si les gens n’écoutent pas le message de la Bible, ils n’écouteront pas davantage une personne ressuscitée.

Il s’agit là de la pointe du récit. Son message essentiel est donc le suivant : L’Ecriture sainte – la Torah de Moïse et les paroles des prophètes – n’est pas moins convaincante que ne le serait le message d’un ressuscité. Et pour le dire d’une manière encore plus brève et simple : La Parole divine transmise dans les Ecritures ne vaut pas moins qu’un miracle ! Alors que les miracles nous épatent, la Parole nous invite à réviser notre attitude.

Comme je l’ai indiqué, la conclusion du récit de Jésus remet en cause l’importance du surnaturel, et recentre l’auditeur sur l’écoute de la Parole écrite dans les Ecritures. La foi, pour être vécue dignement sur terre, n’a pas besoin d’une démonstration sensationnelle. Ce n’est pas la connaissance exacte de l’au-delà qui importe, ni le dialogue avec les défunts, mais l’écoute des commandements divins. En cela, Jésus ne dit rien de nouveau, mais il souligne la nécessité de prendre au sérieux la qualité de notre comportement sur terre.

Plus encore, nous pouvons dire que Jésus s’inscrit lui-même par ce texte dans la lignée des prophètes de l’Ancien Testament. Comme ses prédécesseurs Abraham, Moïse, David, Esaïe ou Jérémie, il condamne fermement l’égoïsme matériel, et il n’est pas écouté !

Jésus n’est donc pas seulement un doux, un gentil, il est aussi un prophète qui interpelle. Par sa conduite et par ses paroles, il nous rappelle que la poursuite des richesses matérielles est incompatible avec le service de l’Evangile : « vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Mt 6,24). Afin d’éviter de donner l’impression que l’Evangile condamne unilatéralement les riches, l’apôtre Paul précise dans ses épîtres que les riches doivent mettre leur espoir en Dieu, et non dans leurs richesses, et être généreux (1 Tim 6,17-19).

De tous temps, et dans n’importe quelle religion ou culture, le prophétisme comporte plusieurs caractéristiques communes : Les prophètes préfèrent en général les valeurs spirituelles aux valeurs matérielles et ils ont tendance à être parfois excessifs, ce qui donne à leurs destinataires un prétexte de ne pas les écouter. Les prophètes sont souvent religieux, mais leurs revendications concernent la vie humaine dans son ensemble.

L’écologisme actuel est un bon exemple de prophétisme actif. Fermement critique de la société matérialiste et consumériste, parfois excessif dans ses revendications, il laisse relativement indifférente une bonne partie de la population lorsqu’il s’agit d’envisager de réels sacrifices financiers ou des changements concrets de comportement. Cela ne signifie pas que le prophétisme soit sans efficacité, mais il obtient généralement moins qu’il ne demande. D’où la devise, « demander beaucoup pour recevoir peu ».

C’est aussi d’une certaine manière ce que fait Jésus au travers de son texte violent. Et si son évocation de l’au-delà est en partie symbolique, cela ne signifie pas que la vie après la vie n’existe pas, mais que nous n’en avons pas une connaissance précise. Amen

Poème de Louis Aragon, Un jour, un jour, en hommage au poète espagnol
Fédérico Garcia Lorca assassiné en 1936 par les franquistes !

Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime

Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages

Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières des rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Culte du dimanche 20 octobre 2019 à Orvin :
Que fait la religion confrontée à l’inaction de Dieu ? (Luc 17,5-10)

Évangile de Luc 17,5-10 – Le serviteur qui n’a fait que son devoir

5Les apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi. »
6Le Seigneur dit : « Si vraiment vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous diriez à ce sycomore : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous obéirait.
7« Lequel d’entre vous, s’il a un serviteur qui laboure ou qui garde les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Va vite te mettre à table” ?
8Est-ce qu’il ne lui dira pas plutôt : “Prépare-moi de quoi dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive ; et après tu mangeras et tu boiras à ton tour” ?
9A-t-il de la reconnaissance envers ce serviteur parce qu’il a fait ce qui lui était ordonné ?
10De même, vous aussi, quand vous avez fait tout ce qui vous était ordonné, dites : “Nous sommes des serviteurs quelconques. Nous avons fait seulement ce que nous devions faire.” »

Prédication

Lors de cette dernière prédication de la série de cinq, je vous propose un petit lexique de termes décrivant la vie spirituelle. La question à laquelle je m’étais proposé de répondre est : Que fait la religion confrontée à l’inaction de Dieu ?

En protestantisme, le terme principal qui résume l’entier de la vie spirituelle est bien sûr le mot foi, souligné par Luther (sola fide) et également central dans la demande des apôtres du texte d’Evangile lu ce matin : « Seigneur, augmente-nous la foi ! ».

La réponse de Jésus semble indiquer que cette question est plutôt mal orientée. Le Seigneur répond que si les disciples avaient une foi minuscule, ils déracineraient des sycomores. Que veut-il donc dire au travers de cette formule énigmatique ?

D’emblée, il s’agit de faire valoir avec force que la foi est une attitude spirituelle à développer lorsque Dieu est ressenti comme absent et non agissant. Dans l’épître aux Romains, l’apôtre Paul va jusqu’à affirmer qu’Abraham, « espérant contre toute espérance, crut », et il ajoute : « Devant la promesse divine, il ne succomba pas au doute » (4,18-20).

Si Dieu se montrait tous les matins comme le fait son « substitut », le soleil, il ne serait plus très dur de croire et la foi n’aurait plus vraiment de nécessité. Nous verrions Dieu face-à-face, or c’est justement ce dont nous sommes privés sur cette terre.

Il s’agit pourtant de remarquer qu’une situation qui porte au doute une certaine personne, peut de la même manière porter à la foi une autre personne. Dans la situation extrême des réfugiés, certains s’attacheront à la foi, et d’autres trouveront une preuve de l’athéisme.

La foi n’est donc pas une donnée objective : elle est une manière d’être au monde et de se comprendre soi-même, devant Dieu. A la question « que fait la religion confrontée à l’inaction de Dieu ? », on peut donc répondre : elle approfondit sa foi, se tournant vers la vie intérieure du soi plutôt que vers les miracles et les preuves extérieures.

En protestantisme, on affirme souvent que le doute est nécessaire au mûrissement de la foi, et plus rarement que le doute s’oppose à foi. Les deux affirmations sont pourtant vraies.

Le sentiment de l’absence de Dieu, ou de son inaction face à un malheur de la vie (accident, divorce, etc.) peut susciter un état de non-foi, qui se caractérise par le trio doute-tentation-révolte. Il s’agit d’un état de blocage spirituel qui n’est pas à condamner, mais plutôt à déverrouiller et à assouplir, afin de retrouver le dynamisme vital de la foi.

La vie humaine se présente la plupart du temps sous la forme de deux sortes de signes : les signes d’espérance et les signes de contradiction, selon une expression des Evangiles. Les signes d’espérance nous maintiennent la tête hors de l’eau, tandis que les signes de contradiction mettent à l’épreuve les aspects problématiques de notre nature. La vie n’est bien simple pour personne, et sans signes positifs, nous serions vite découragés.

Vient toujours un moment où les événements de la vie contredisent nos attentes, et cette situation normale mais douloureuse de la vie dans le monde peut enclencher la vie spirituelle, avec son avalanche d’expressions désignant autant d’attitudes mentales.

Le premier geste de toute mystique (un mot à peu près équivalent à celui de vie spirituelle) est le lâcher prise. Il s’agit d’une attitude mentale libératrice qui permet de sortir de l’obstination du « je veux absolument cela parce que sans cela je ne peux pas vivre ». En mourant, Jésus s’exclame « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Lc 23,46).

Si nous voulons absolument quelque chose que nous n’avons pas, ou si nous sommes trop exigeants avec nous-mêmes, nous allons finir par nous faire souffrir. La sagesse nous invite donc à pratiquer un certain dépouillement. Ce mot désigne la capacité à vivre simplement, parfois avec peu de moyens matériels, parfois avec peu de renommée, toujours avec le sentiment de mieux se sentir en équilibrant bien ses exigences.

Jean-Baptiste, le maître à penser du jeune Jésus, définit ainsi le dépouillement : « Il faut qu’il grandisse, et que moi, je diminue » (Jn 3,30). Cela n’a rien à voir avec une humiliation ou un mépris de soi. Il s’agit de se libérer du besoin de satisfaire toutes ses envies, de ne pas souhaiter tout posséder, de ne pas s’enorgueillir, mais de chercher Dieu.

Je me souviens d’une personne âgée hospitalisée qui me disait : « je dois faire encore plus d’efforts », et moi, je tentais de lui dire : « il me semble que vous devriez plutôt faire moins d’efforts », mais j’ai l’impression qu’elle ne me comprenait pas.

Vient alors un mot difficile à saisir, tant il semble à double tranchant : le détachement. Ce mot est fréquent dans le bouddhisme, qui invite à se détacher de ses propres pensées et de ses émotions afin de trouver la sérénité intérieure. Dans le christianisme, l’apôtre Paul affirme que « le monde est crucifié pour moi, comme moi pour le monde » (Gal 6,14). Ce détachement pourrait être compris comme de l’indifférence, et serait alors contraire à l’éthique chrétienne de l’amour du prochain. Mais il désigne plutôt l’indépendance du croyant vis-à-vis du monde qui l’entoure. Paul veut dépendre uniquement de Dieu.

Le geste spirituel suivant est l’intériorisation, bien que l’on puisse aussi mettre ces différentes étapes dans un ordre un peu différent. Je crois me souvenir qu’un passage de l’Imitation de Jésus-Christ, un livre du XVième siècle, dit à peu près ceci : « Un homme sage ne se répand jamais complètement à l’extérieur ». Certaines personnes éprouvent un besoin quasiment viscéral de raconter tout ce qu’elles vivent et pensent. Cela est fastidieux pour les autres, et contre-productif pour la personne elle-même, qui se sent « vidée ». Nous devons tous apprendre à cultiver notre jardin intérieur sans déborder sur le prochain.

Rentrer en soi-même, se parler à soi-même, prier, c’est aussi rencontrer Dieu, faire l’expérience de la Présence de l’Absent. Mais là aussi, on ne peut tout attendre de Dieu : il s’agit d’apprendre à se prendre en charge, à rythmer son mode de vie à sa convenance.

Proche du détachement et de l’intériorisation, nous trouvons une attitude qui semble encore plus exigeante, et pourtant libératrice : l’abandon. Il ne s’agit pas d’abandonner les autres, mais soi-même. Combien parfois sommes-nous un fardeau pour nous-mêmes ! Maurice Zundel parle d’un « oubli de soi pour une communion avec un Dieu qui lui-même en Christ s’oublie ». Au travers de l’abandon de soi, nous retrouvons donc l’union à Dieu.

C’est ainsi que l’on peut comprendre comment cette très petite foi dont parle Jésus permet de « déraciner des sycomores ! ». Dans la mesure où l’on s’abandonne à Dieu, recherchant sa volonté plutôt que la nôtre, comme Jésus face à la croix (Luc 22,42), la vie s’allège et les projets de Dieu se réalisent plus facilement. C’est comme s’il fallait s’abandonner pour être libérés, mourir avec Christ pour vivre d’une vie nouvelle avec Lui.

Le dernier mot de ma série est l’obéissance. On revient ainsi les pieds sur terre. Si nos projets personnels sont remis entre les mains de Dieu, nos entreprises nous paraîtront moins lourdes. En nous considérant comme des « serviteurs quelconques » (Luc 17,10), nous éviterons de nous appesantir sur nos mérites, et ayant atteint un certain degré de compétence, nous trouverons de la joie dans notre travail. Amen.

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